C’est une tendance de fond qui ne s’enraye pas : la production française de viande de lapin perd du terrain. De janvier à septembre 2022, les abattages ont reculé de 6,9 % par rapport à la même période en 2021. Autre signe qui ne trompe pas, les fabrications d’aliments ont baissé de 7,3 % en cumul sur les 7 premiers mois de 2022. S’appuyant sur les données d’insémination, l’Institut technique de l’aviculture (Itavi) anticipe un repli de 7 % des abattages sur l’ensemble de l’année passée.

Sans grande surprise, la consommation des ménages s’inscrit dans une tendance similaire. De janvier à septembre 2022, les achats totaux de lapin ont fondu de 10,9 % sur un an. En parallèle, les prix ont progressé de 2,2 % en moyenne, en cohérence avec l’envolée du cours du vif.

Concurrence à l’exportation

S’agissant du commerce extérieur, le constat est un peu plus réjouissant. De janvier à septembre 2022, le solde des échanges est positif, en volume comme en valeur. L’excédent commercial atteint 8,4 millions d’euros (M€), « en hausse de 1,1 M€ par rapport à 2021, précise l’Itavi. Cela s’explique par la forte baisse des importations en valeur (–8,2 %). » En volume, ces dernières ont chuté de 44 %.

Sur la période même, les exportations françaises ont progressé de 1,1 % en volume par rapport à 2021, pour un prix moyen de 4,05 €/kg (+8 %). Les tonnages envoyés en Italie et en Belgique ont notamment bondi de 35 % et 30 %. Bien qu’en perte de vitesse, « la demande de viande de lapin reste très dynamique en Italie », note Vincent Pedro, du service de l'économie de l’Itavi. Un phénomène de chaises musicales est également observé avec la concurrence. « Les exportations vers les pays tiers (USA notamment) sont plus lucratives. L’Espagne et la Hongrie se sont placés sur ce marché au détriment des exportations françaises. Pour combler la perte du débouché pays tiers, la France s’est repositionnée sur les exportations intra-européennes. Elle a ainsi « récupéré » les marchés laissés par l’Espagne et la Hongrie », explique le spécialiste. Preuve que le lapin fait toujours saliver les papilles.