L’Inrae a présenté le 21 mars 2023 son étude : « Agriculture européenne sans pesticides chimiques en 2050 ». Il s’agit bien là de scénarios prospectifs, et non prédictifs ni prescriptifs, a précisé en préambule Christian Huygues, directeur scientifique de l'agriculture de l’Institut. L’objectif est d’explorer et de documenter les futurs possibles.
L’expression « pesticides chimiques » inclut dans cette étude « les pesticides de synthèse, et les pesticides d’origine minérale ayant un impact significatif sur l’environnement et la santé humaine [comme le cuivre, NDLR] », a précisé Olivier Mora, coordinateur de ce travail.
Vice-président de la FNSEA, Henri Bies-Péré a été invité à réagir. Contrairement à d’autres travaux prospectifs, il a salué une étude ayant une « logique complète », ne se limitant pas à la production agricole. Agriculteurs, mais aussi politiques publiques, recherche, nouvelles technologiques… L’étude « indique bien que tout cela est multifactoriel », a-t-il estimé.
Se passer des pesticides ? « Si on a les solutions en 2050, pourquoi pas ? », a-t-il déclaré, en rappelant l’existence du contrat de solutions. Ce dernier, qui contient 110 fiches, accompagne les agriculteurs « vers ce monde que l’on souhaite tous, si c’est possible, sans pesticide. Mais on entend quand même des doutes ici et là. »

Partage du risque
« Dans tous les scénarios [lire l'encadré], la transition va nécessiter des mesures fortes et des engagements coordonnés de tous les acteurs », a appuyé Olivier Mora. Pour atteindre le « zéro pesticide », l’étude souligne par exemple le « rôle crucial » des consommateurs, le besoin de nouveaux accords commerciaux pour bâtir un marché européen sans pesticide, ou encore la nécessité de mettre en place des mécanismes de partage des risques pris par les agriculteurs.
Cyril Kao, représentant du ministère ce l’Agriculture, a également souligné la particularité de cette étude. « L’intérêt de la démarche, c’est qu’elle ne porte pas seulement de la production mais prend aussi en compte l’aval et les pratiques alimentaires. Les changements de pratique et leurs conséquences ne peuvent être la seule responsabilité de l’agriculteur, et doivent impliquer l’ensemble de la chaîne de valeur agricole », a-t-il déclaré.