« Apporter de l’herbe dans une ration à base de blé n’impacte pas les performances moyennes de croissance des jeunes bovins », soulignait Hugues Chauveau d’Arvalis au salon de l’herbe le 2 juin 2022, à Villefranche-d’Allier. Dans une ration « base maïs », en revanche, le GMQ est un peu pénalisé par la présence de l’herbe, ce qui impacte la durée de l’engraissement. La qualité de l’herbe est néanmoins déterminante sur les performances (lire l'infographie). 

« Pour maintenir le GMQ et limiter l’allongement de la durée d’engraissement à moins de 15 jours, avec un régime d’ensilage de maïs, il convient de viser un maximum de 30 % d’herbe dans la ration et un fourrage à plus de 0,80 UFV/kg de MS et plus de 12 % de MAT », soutient l’expert. Ces résultats sont issus de la synthèse d'une vingtaine de régimes comparés dans les fermes expérimentales (1).

L’incorporation d’herbe (3,3 kg de MS/j/JB) dans la ration « blé » s’est traduite par la réduction de la consommation des concentrés : - 224 kg pour le blé et - 288 kg pour le tourteau de soja en moyenne par JB fini. Pour les régimes à base d’ensilage de maïs, l’ajout d’herbe (3,5 kg/j/JB) a nécessité une redensification de la ration en énergie. En moyenne, l’incorporation d’un enrubannage a diminué le besoin en ensilage de maïs de 860 kg de MS/JB fini et en tourteau de colza de 54 kg/JB, mais elle a impliqué l’ajout de 200 kg de blé/JB.

« L’herbe utilisée dans les essais n’était pas de qualité exceptionnelle, précise Hugues Chauveau d’Arvalis-Institut du végétal. La valeur UFV moyenne s’établissait à 0,74/kg de MS. »  

Des résultats hétérogènes

Le remplacement total de l’ensilage de maïs par de l’herbe conservée peut donner de bons résultats aussi. Dix essais dans différentes stations expérimentales (Jalogny, Mauron, Les Érablières, Theix ) ont toutefois mis en évidence des résultats très hétérogènes. À Jalogny (Saône-et-Loire) par exemple, l’herbe n’a pu rivaliser avec l’ensilage de maïs que lors d’un seul essai sur trois. En 2016 et 2018,  avec un ensilage d’herbe de qualité très moyenne (0,63 à 0,72 UFV et 9 à 13 % de MAT), la croissance des animaux s’est affichée très en dessous de ceux nourris avec de l’ensilage de maïs (- 400 à - 500 g/JB/j).

« En 2017, en revanche, les conditions de récoltes étaient optimales. La teneur du fourrage s’affichait entre 0,82 et 0,92 UFV et la MAT entre 15 et 16 %, indique Jérémy Douhay de l’Institut de l’élevage. Résultat, les niveaux de croissance des animaux soumis au régime herbe proches de 1700 g/j étaient même légèrement supérieurs à ceux obtenus avec l’ensilage de maïs. Les conditions météo lors de la récolte et la bonne conservation de l’ensilage d’herbe sont toutefois déterminantes sur le résultat des essais. »

(1) Saint-Hilaire-en-Woëvre (Meuse), Theix (Puy-de-Dôme), La Jaillière (Loire-Atlantique), Les Bordes (Indre), Mauron (Morbihan), Les Etablières (Vendée).