« Sur 40 000 euros de dégâts de gibier, je n’ai été remboursée que de 7 000 euros par la Fédération départementale des chasseurs du Tarn, soit moins d’un quart », déplore Sandra Rabat, éleveuse biologique de bovins, d'ovins et d’équins à la Grange Basse à Sorèze (Tarn).

Un conflit qui s’éternise

D’octobre 2022 à mars 2023, les sangliers ont ravagé 70 hectares de ses prairies permanentes. « Si cela devait se reproduire une année de plus, l’exploitation mettra la clef sous la porte », déclarait-elle alors à La France Agricole.

À l’époque, elle demandait deux choses à la Fédération départementale des chasseurs du Tarn. D’un côté, une indemnisation totale des dégâts. De l’autre côté, le prolongement de la période de chasse sur ses terres jusqu’au 30 mars 2023 et des tirs de nuit dès le 1er juin 2023. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Les arguments des chasseurs

Jusqu’ici, la Fédération n’a pas couvert les dégâts causés en 2022, seulement ceux de 2023. « Ils n’ont remboursé que les dommages sur les parcelles fauchées pour la récolte de foin. Selon eux, ils ne peuvent pas évaluer ceux sur les prairies pâturées, lorsque les animaux y sont en permanence. C’est d’une mauvaise foi incroyable ! Ils m’assignent même en justice pour éviter de me dédommager pour l’année 2022. »

Sandra Rabat estime les dégâts de sangliers sur ses prairies à 40 000 euros. (©  Sandra Rabat)

Le bras de fer se poursuit sur la question des clôtures. « J'estime que c’est à eux de nous clôturer et de prendre en charge la protection des cultures. Ils refusent de le faire à cause des frais élevés », se défend-elle.

Si Sandra Rabat s’en est sortie jusqu’ici, c’est grâce à l’aide de ses parents. « Ils ont vendu leur résidence secondaire pour m’aider. En attendant, je dois nourrir mes vaches avec la paille de l’année dernière, c’est de la folie », confie l’agricultrice.

Un arrêté « inutile »

Ce 30 décembre 2023, le gouvernement a publié un décret et un arrêté visant à réduire et mieux indemniser les dégâts de gibier sur les grandes cultures. Ce texte autorise désormais le tir des sangliers autour des parcelles agricoles en période de récolte. Une mesure qui n’aidera pas Sandra Rabat.

« Sans les tirs de nuits, cela n’aura pas d’effet sur mon exploitation, regrette-t-elle. Les sangliers se réfugient le jour dans la forêt et ne sortent qu’aux alentours d’une heure du matin. » À ce jour, seule sa demande de pouvoir tirer à la tombée de la nuit dès le 1er juin lui a été accordée.