Si Joël Haumesser, représentant de la FDSEA Haut-Rhin, a ouvert l’assemblée générale d’Irrigants de France en présentant les enjeux de l’arrosage agricole, il a surtout rappelé que « l’irrigation est un atout majeur pour une agriculture durable ». Ce sujet a largement été débattu lors de la table-ronde entre Eric Frétillère, le président du syndicat, Laurent Roy, directeur général de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerrannée-Corse (RMC), Adrien Morenas, député et président de la mission parlementaire de l’eau, et deux invités allemands, MM. Gräbling et Kaufmann. Les maïsiculteurs présents, notamment du Sud-Ouest, ont fait entendre leur colère à plusieurs reprises quand il s’est agi, entre autres, de la mauvaise gestion des projets de territoires notamment lorsque des « opposants » entravent les travaux de réalisation.

Les pistes des agences de l’eau

« Les agences de l’eau ne sont pas un outil de financement de l’activité agricole, statue Laurent Roy. Leur vocation est l’atteinte du bon état des eaux et de mettre en œuvre le Sdage (schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux). » Néanmoins, cela ne les empêche pas de proposer des pistes de solutions quant à la problématique de l’eau :

  • Faciliter le diagnostic collectif sur l’ensemble des territoires ;
  • Lancer les démarches collectives confortées par le rapport du préfet Bisch en associant tous les usagers de l’eau. « En l’espace de 3 ans, 50 des 70 projets de territoires ont été réalisés par l’agence RMC », précise son directeur.
  • Proposer des mesures concrètes avec « la mobilisation d’un panel d’outils en visant l’économie d’eau tous azimuts notamment via le développement de solutions innovantes comme l’utilisation des eaux usées traitées à un bon niveau de qualité. Il est quand même paradoxal de les rejeter en mer pour arroser les golfs avec de l’eau potable », insiste Laurent Roy.

Et au député Morenas de renchérir : « L’Union européenne n’interdit pas l’importation de produits irrigués avec des eaux usées. C’est le cas de 14 % des surfaces irriguées en Espagne, 70 % en Israël et 100 % en Californie. »

Développer le stockage de l’eau

Le sujet du stockage, dans un contexte de changement climatique avec des excès hivernaux et des sécheresses estivales, est venu sur le tapis. « Je suis agnostique en matière de stockage d’eau », a plaisanté Laurent Roy. Sous-entendu qu’il n’est pas contre si « le projet de stockage est pertinent » et « s’il intègre le Sdage ».

Les agences de l’eau ont cependant une préférence pour les projets de substitution d’un prélèvement dans une ressource problématique à un prélèvement dans une ressource non problématique ; et de transfert d’une ressource en tension vers une ressource qui n’est pas sous tension. »

Les agriculteurs ont vivement réagi aux propos rappelant que, même si un projet est validé, certaines organisations ont le pouvoir de les faire capoter avec, parfois, « le soutien des ministres de l’Agriculture et de l’Environnement ». L’idée serait de faire en sorte que tout projet validé par l’Administration ne puisse pas être attaquable.

Représenter l’irrigation en Europe

La parole a été donnée à Adriano Battilani, secrétaire général de d’Irrigants d’Europe, structure créée en mars 2018 par le Portugal, l’Espagne, la France et l’Italie : « Au début, c’était un rêve. Maintenant c’est un projet et une nécessité. Nous couvrons 75 % des terres irriguées en Europe. Aussi, notre représentativité est suffisante pour que l’on nous écoute. »

La communication à l’échelle européenne sur l’arrosage agricole est d’autant plus importante que « la plupart des citoyens doutent de l’intérêt de l’irrigation car ils considèrent que c’est une menace pour l’environnement et un coût pour la collectivité ».

I. La.