« Nous avons une véritable transformation à effectuer dans nos entreprises, insiste Jacques Rouchaussé lors de l’ouverture du soixante-deuxième congrès de Légumes de France au Mont-Saint-Michel. Aujourd’hui nous devons tendre vers le zéro pesticide. Agriculture classique, agriculture intégrée, agriculture bio, aujourd’hui au sein de notre organisation, nous avançons tous ensemble sur ce sujet. Les uns font progresser les autres. »
Éviter les distorsions de concurrence
« Mais pour parvenir à ne presque plus utiliser de produits phytosanitaires, nous avons besoin de temps et de moyens de recherche », a-t-il tempêté plusieurs fois en faisant référence notamment aux interdictions récentes des molécules 1-3 dichloropropène et métam-sodium. « Ces solutions techniques nous ont été enlevées avant même que nous n’ayons le temps de développer les alternatives viables. »
« Rappelons que le métam-sodium, a été interdit à la suite d’une erreur d’origine humaine et qu’il est autorisé dans le reste de l’Europe, poursuit-il. C’est comme si on interdisait la voiture après un accident de la route. » Selon Jacques Rouchaussé, il y aurait une vingtaine de molécules sur la sellette. Pour éviter des distorsions de concurrence au sein du marché commun, il pointe « l’urgence de créer une politique d’harmonisation sanitaire européenne ».
Collectif « zéro-résidus »
Face à la précipitation des pouvoirs publics à vouloir interdire, Légumes de France veut au contraire mettre en valeur tout le travail de recherche et professionnel. « Nous sommes engagés dans un plan de filière qui vise une réduction des applications de produits phytosanitaires de 25 % en sept ans », rappelle-t-il, évoquant l’émergence du collectif « zéro-résidus » qui se donne une obligation de résultat et qui connaît déjà un succès commercial notamment en tomates.
« De fait, aujourd’hui les produits rémanents sont tous interdits, constate Jean-Luc Leblond, président de la section des légumes de la FDSEA de la Manche. La démarche “zéro résidus” est une voie intéressante pour créer de la valeur là où il nous a été enlevé des points de compétitivité. Cela permet de valoriser tout le travail que nous avons dû faire pour nous passer de certaines solutions techniques. »
Séduire les fournisseurs de solutions
Le collectif « zéro-résidus » permet en effet aux filières de l’aval de récupérer entre 20 et 30 points supplémentaires sur le prix de vente au grossiste. Le président de Légumes de France et également président du CTIFL, Centre technique interprofessionnel des filières des fruits et légumes, souhaite faire de la France le leader du biocontrôle par élevage d’insectes stérilisés.
De son côté, le directeur de Légumes de France, Bertrand Rival, rappelle les contraintes de trouver des solutions alternatives aux produits phytosanitaires : « Les légumes couvrent seulement 0,8 % de la SAU nationale. En plus de cela, nous avons 40 productions différentes. Notre secteur offre peu d’espoirs de profits pour le secteur privé si bien que l’effort de recherche retombe sur le secteur public ou les organisations professionnelles. »