La fédération du négoce agricole déplore « l’absence de considération des pouvoirs publics pour les professionnels qu’elle représente ».

« Des effets extrêmement négatifs »

La nouvelle version de l’ordonnance présentée ce jour « actant le fait de réserver le conseil spécifique à l’utilisation de produits phytopharmaceutiques aux seules structures de conseil indépendant (à côté du conseil annuel également séparé capitalistiquement) va produire des effets extrêmement négatifs à plusieurs égards », estime la FNA.

Et la fédération du négoce de lister :

  • « Suppression de plusieurs milliers d’emplois dans les entreprises rurales de distribution agricole et de collecte »,
  • « Déstructuration des démarches de filières avec l’interdiction implicite de l’accompagnement des itinéraires culturaux par les organismes de collecte (chartes et cahiers des charges les plus vertueux en premier lieu) »,
  • « Coup d’arrêt porté au déploiement des solutions alternatives (biocontrôle par exemple) et donc du dispositif des CEPP (certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques) ».

« Sa mise en œuvre sera chaotique »

Pour la FNA, cette disposition n’a « manifestement pas été étudiée au regard de l’ensemble des enjeux ».

Antoine Pissier, président de la FNA, et Olivier Bidaut, président de la commission des agrofournitures de la FNA déclarent : « Le dogmatisme a malheureusement présidé dans ce dossier jusqu’à présent. […] Nous appelons le gouvernement à écouter les acteurs agricoles pour construire des mesures efficaces en la matière tout en préservant la compétitivité des filières et l’emploi local. A défaut, la France risque de marginaliser économiquement encore un peu plus son agriculture sans gains environnementaux ni sanitaires. Face à ce projet d’ordonnance incompris par les acteurs économiques de terrain, il est raisonnable de penser que sa mise en œuvre sera chaotique. »

« Conséquences lourdes pour l’emploi »

Alors même que « les coopératives agricoles se sont clairement engagées et travaillent au quotidien avec les agriculteurs coopérateurs à la réduction des produits phytosanitaires », Coop de France tient à rappeler « le rôle déterminant du conseil pour répondre à cet enjeu sociétal ».

« Le texte d’ordonnance présenté ce matin supprime de fait la faculté pour les coopératives agricoles de répondre à leurs obligations en matière de diffusion de solutions alternatives au travers du dispositif des CEPP. Ce parti pris interroge sur la cohérence de la politique souhaitée par le Gouvernement, explique Coop de France. Il conduit immanquablement à une déstructuration de l’organisation actuelle du conseil aux agriculteurs, sans prévoir de dispositifs de remplacement avec, à la clé, des conséquences lourdes en termes d’emplois sur les territoires : ce sont plusieurs milliers de postes de conseillers qui sont concernés au sein des coopératives agricoles ».

« Le risque d’une mesure inefficace pour la baisse des phytos »

Coop de France appelle à « la reprise d’une réelle concertation, remise en cause ce matin ». « En refusant les propositions constructives de Coop de France sur la montée en compétences et l’indépendance au sein des entreprises des conseillers, le gouvernement s’entête et prend le risque d’une mesure inefficace pour la baisse des phytosanitaires », explique l’organisation.

De plus, pour assurer cette bonne concertation et aboutir à un texte cohérent et adapté aux réalités de terrain, il est « indispensable que l’ensemble des acteurs disposent de l’étude d’impact réalisée à l’initiative du Gouvernement ».

« Avec une approche radicale et erronée de la séparation de la vente et du conseil qui témoigne d’une réelle méconnaissance de la réalité, le Gouvernement va priver les agriculteurs d’un accompagnement de proximité indispensable et remettre en cause le lien essentiel entre les agriculteurs et les attentes des consommateurs », estime Christian Pees, président Coop de France Métiers du Grain.