« Le gouvernement a raison de faire confiance aux acteurs. La prise de conscience est bien réelle : un grand mouvement est lancé, nous sommes au travail », a affirmé Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, mercredi 14 novembre 2018. Elle s’exprimait à l’occasion du premier anniversaire du projet en faveur d’un « contrat de solutions » porté par le syndicat, dont l’objectif est de dessiner « une trajectoire de progrès pour la protection des plantes afin de réduire l’utilisation, les risques et les impacts des produits phytosanitaires en France ».
Phase de déploiement
Après avoir lancé un comité de pilotage en novembre 2017, la FNSEA a présenté en juillet dernier son premier « contrat de solutions », un document d’une centaine de pages présentant « 36 solutions » et un « focus » sur le désherbage, les biotechnologies et les outils d’aides à la décision, en lien avec 40 organisations partenaires (organisations agricoles et de recherche).
« Nous sommes aujourd’hui dans une phase de déploiement auprès des agriculteurs », a précisé Eric Thirouin, secrétaire général adjoint de la FNSEA, lors de ce point d’étape. Et la rédaction d’un « 2e contrat » est prévu pour février 2019.
La complexité des sujets montre que « ce n’est pas un truc pour les « y-a qu’à ». Nous devons appréhender un ensemble d’éléments dans un raisonnement global », a expliqué Christiane Lambert, insistant sur la nécessité d’accepter que cela se fasse sur « un temps long », qui n’est pas celui des polémiques médiatiques…
© A. Cardinaux/GFA
Glyphosate
« J’ai besoin de visibilité, a témoigné Guillaume Lefort, agriculteur à Arville (77). Je ne peux pas changer de braquet à chaque fois qu’une nouvelle polémique arrive ! Le moindre choix à des conséquences sur toute l’exploitation. »
Agriculteur à Méré (89), Gilles Robillard a confié à la presse ses difficultés à envisager de se passer du glyphosate. « Je n’ai que trois solutions : revenir à la charrue, ce qui reviendrait à réduire à néant tous mes efforts de ces dernières années sur la conservation des sols, passer en bio, ce qui ne semble pas évident chez nous, ou arrêter d’exploiter. »
« Là où on n’a pas de solution, il faut investir dans la recherche pour trouver le plus rapidement possible les bonnes réponses », a insisté Eric Thirouin, en réponse.
Alcooliques anonymes
Sur ce point, « nous attendons encore que le gouvernement signe avec nous un vrai contrat pour assurer les financements et adapter la réglementation. Nous recevons des messages positifs mais il faut aller plus loin : c’est ensemble que nous pourrons avancer sur ces sujets ! »
Aux côtés de ses collègues agriculteurs, Philippe Bardet, vigneron en Gironde, a souligné l’importance des échanges et du travail collectif au sein de la profession. « Nos réunions phyto ressemblent trop souvent à des rencontres entre alcooliques anonymes, où nous parlons avec honte de notre consommation d’intrants. » Une mauvaise posture, selon lui : « Il faut davantage échanger sur des solutions qui nous rendent fiers ! »