Lors d’un point de presse le 7 novembre 2017 à Paris, l’AGPM a regretté que cette année, « il y a eu des quintaux sans les prix ». Malgré une baisse de 5 % des surfaces cultivées, la production hexagonale de maïs grain a opéré un très net redressement par rapport à 2016, augmentant de 12 %, selon des estimations encore à affiner. Elle devrait ainsi atteindre environ 13,9 millions de tonnes (Mt) contre 12,3 Mt en 2016.
103 q/ha de moyenne
Les producteurs français ont en effet vu leur rendement moyen progresser très nettement de 15 %, atteignant 103 q/ha en moyenne, contre 89 q/ha l’an dernier. Ceci malgré des précipitations globalement déficitaires mais compensées par une bonne répartition des averses au cours de l’été et par les progrès de la génétique.
« Il y a dix ans, nous n’aurions jamais atteint une moyenne de 95 q/ha dans le Poitou-Charentes. Il y aurait eu certainement 15 q/ha en moins. La région a subi des restrictions d’irrigation précoce mais la meilleure tolérance des variétés au stress hydrique a permis de maintenir le rendement », explique Gilles Espagnol, responsable du maïs chez Arvalis.
Prix mondiaux sous pression
« Malheureusement, la baisse des prix absorbe presque totalement la hausse des rendements », souligne Matthieu Caldumbide, directeur adjoint de l’AGPM. Les prix mondiaux du maïs sont sous pression du fait de très bonnes récoltes en Amérique du Sud, notamment au Brésil, et aux États-Unis. « Les marges moyennes ne progresseront donc pas ou très peu par rapport à l’an passé, avec des comptes dégradés pour de nombreuses exploitations », s’alarme l’AGPM.
« Sensible aux cours mondiaux, la maïsiculture doit être protégée, et le seul filet de sécurité que constituent les droits de douane ne suffit pas », insiste l’AGPM. Le syndicat regrette que la Commission européenne poursuive l’affaiblissement du dispositif « en offrant de nombreuses concessions lors de discussions bilatérales (Ceta, nouveau contingent à droit zéro de 650 000 t de maïs accordé à la fin de septembre à l’Ukraine,…)».
L’AGPM demande ainsi « d’avancer dans la création d’une assurance récolte incitative d’ici à la mise en œuvre de la prochaine Pac ». Elle demande aussi dans le cadre des États-généraux de l’alimentation, « un plan ambitieux pour le stockage de l’eau, une évolution de la dotation pour aléas, un renforcement des agences d’évaluation, un investissement soutenu dans la recherche. »
Le syndicat demande aussi à l’État de « combattre les distorsions de concurrence intra-européennes, en particulier sur les produits phyto et les biotechnologies ».