Le conseil spécialisé de FranceAgriMer pour la filière sucrière s’est réuni le 3 juillet 2018 pour examiner les dernières prévisions de FranceAgriMer pour la campagne commerciale de 2017-2018 ainsi que la conjoncture mondiale et les perspectives de 2018-2019.

L’ISO (International Sugar Organization) a révisé en forte hausse la production mondiale de sucre à plus de 185 millions de tonnes (Mt) et table désormais sur une consommation de près de 175 Mt pour la campagne de 2017-2018. Les stocks mondiaux seraient ainsi au plus haut avec un excédent dépassant 10 Mt à la fin de la campagne. Les prix mondiaux du sucre restent au plus bas depuis le début de la campagne.

Pour 2018-2019, l’excédent resterait élevé en dépit de prévisions de consommation en hausse. Plus inédit, l’Inde et le Brésil pourraient faire match égal en termes de production, autour de 34 Mt chacun. L’Inde bénéficie en effet de la conjonction de moussons exceptionnelles et de la rénovation de ses plantations.

« Le Brésil favorise actuellement sa production d’éthanol, ce qui constitue pour lui un levier de résilience face à des prix du sucre bas », précise le communiqué.

Union européenne : rythme soutenu d’exportation mais prix bas

La production sucrière européenne est quant à elle révisée à la hausse par la Commission européenne à 21,2 Mt contre 17,8 Mt en 2016-2017. Le rythme des exportations reste soutenu, avec 2,5 Mt de sucre déjà exportées. L’évolution permet d’anticiper un volume total à 3,2 Mt.

À l’inverse, les importations européennes de sucre tournent toujours au ralenti. Le prix moyen européen s’établit à 362 € la tonne, sous le prix de référence (404 € la tonne). Jamais un niveau aussi bas n’avait été enregistré jusqu’à présent.

Avec la fin des quotas et une production de sucre en forte hausse à 6,3 Mt, la France devrait exporter vers l’Union européenne et les pays tiers près de 4,5 Mt de sucre en l’état et sous forme de produits transformés au cours de la campagne commerciale de 2017-2018, contre 3 Mt en 2016-2017. Les exportations progressent de plus de 1 Mt vers les pays tiers et de 0,3 Mt vers l’Union européenne.

En outre FranceAgriMer estime que « la croissance démographique en Asie et en Afrique constitue un facteur favorable à la consommation de sucres. L’élévation du niveau de vie et le développement d’une classe moyenne plus aisée en Asie poussent également à une consommation plus importante de plats industriels à teneur plus élevée en sucre. »

L’OMS abandonne pour l’instant l’idée de taxer les produits sucrés

À l’inverse, les préoccupations de santé publique et les campagnes de nutrition ont un écho croissant dans les pays développés comme l’Union européenne et l’Amérique du Nord.

FranceAgriMer a présenté un état des lieux des politiques visant à réduire la consommation des sucres dans le monde. Les politiques de taxation ne semblent pas faire la preuve de leur efficacité. Ainsi dans un rapport publié le 1er juin 2018, les experts de l’Organisation mondiale de la santé abandonnent temporairement, faute d’accord entre eux, toute recommandation de taxer les produits sucrés. De fait les pathologies imputées au sucre ont souvent des causes multifactorielles (gras, salé, sédentarité…) et les politiques de taxation ne sont pas assez précises pour agir sur ces causes croisées.