Blé : forte hausse des prix dans l’UE

Passage de relai : après les fortes variations de prix aux USA la semaine dernière, c’est l’UE qui a donné le ton cette semaine sur le marché mondial du blé.

Avec un temps qui est resté sec et chaud dans le nord et nord-est de l’UE, les plantes ont continué de souffrir en Allemagne, en Pologne et dans les Pays baltes. En Bulgarie, il pleut encore et la qualité s’annonce catastrophique. En France, la moisson commence à peine mais les résultats pourraient chuter bien en dessous des estimations d’il y a quelques mois. Au total, la production européenne risque de perdre entre 8 et 10 millions de tonnes et cette perspective a soutenu les prix tout au long de la semaine.

L’échéance de septembre sur Euronext gagne ainsi 7 €/t, à 185,75 €/t, et le blé rendu Rouen vient s’aligner sur le prix d’Euronext, affichant une progression de 15 €/t à par rapport à la fin de la semaine dernière.

Accroissement de la prime qualitative en mer Noire

Ce mouvement s’est aussi élargi aux blés de la mer Noire qui gagnent 6 $/t pour les valeurs meunières russes à 12,5 % de protéines mais 1 $/t seulement pour les blés fourragers. Dans cette région du monde, la récolte va bon train. Les rendements sont, sans conteste, inférieurs à ceux de l’an dernier en Russie bien qu’il soit trop tôt pour l’instant pour passer sous la barre de 70 Mt de blé russe.

Plus la récolte avance, plus l’écart de prix entre les blés de haute qualité et les blés fourragers s’accroît à cause d’une baisse, pour l’instant, de la part des blés à haute teneur en protéines en Russie. Ce facteur, ainsi que les déboires européens, boostent à nouveau les prix des blés meuniers de bonne qualité aux USA.

Dans ce contexte, l’Algérie a acheté 660 000 tonnes de blé cette semaine, dont une large part sera servie par la France (les blés allemands sont trop chers par rapport aux blés français et les blés argentins ne sont plus disponibles). Cet achat a aussi contribué au soutien des prix français.

L’ampleur de la tension mondiale encore à préciser

Avec les prix actuels, le blé est en train de perdre de la demande au profit du maïs en alimentation animale. Malgré tout, les stocks mondiaux de blé pour l’été prochain risquent de chuter nettement.

Néanmoins, il faut attendre encore plusieurs semaines pour que le panorama devienne vraiment clair et que les affaissements des récoltes de la mer Noire et de l’UE soient bien appréhendés.

L’orge se relève

Avec des résultats de récolte mitigés en France et de fortes dégradations, comme en blé, des récoltes escomptées dans le nord et le centre de l’UE, les prix de l’orge grimpent comme ceux du blé, gagnant presque 13 €/t à Rouen cette semaine (à 174,5 €/t) pour les valeurs fourragères et 11 €/t, à 180 €/t, à Creil pour les orges d’hiver brassicoles (et 220 €/t pour l’orge de printemps Sebastian).

Les disponibilités brassicoles fondent comme peau de chagrin et cela vient soutenir les primes entre orge de brasserie et orge fourragère.

En dehors des déboires de production, les orges fourragères ont bénéficié aussi de l’appel d’offres en cours lancé par l’Arabie Saoudite pour 1,5 million de tonnes pour livraison en septembre-octobre.

Le maïs repart à la hausse

Aujourd’hui, les droits d’importation que les USA ont décidé d’appliquer aux marchandises chinoises devraient rentrer en application. La Chine devrait donc répondre avec des taxes s’élevant à 26 % sur les maïs US et de fortes taxes aussi pour les importations de soja US.

La Chine n’important pas beaucoup de maïs américain, l’impact direct de cette guerre sur les exportations US ne sera donc pas important. Toutefois, les prix du maïs sont influencés par ceux du soja et par les inquiétudes que cette guerre commerciale suscite pour les échanges mondiaux en général. Les maïs US perdent ainsi encore 1 $/t cette semaine, à 162 $/t.

La chute est modeste néanmoins : en effet, des inquiétudes montent au sujet du climat dans le Midwest pour les prochaines semaines. L’arrivée de la phase clef de pollinisation risque d’être accompagnée par de très fortes chaleurs et peu de précipitations. Certes l’humidité des sols est bonne mais il n’est pas certain qu’elle puisse empêcher les fortes températures de causer des dégâts.

Par ailleurs, à cause du temps sec, les perspectives se dégradent légèrement en Ukraine et Russie. Au total, ces inquiétudes et l’influence du blé font remonter les prix européens cette semaine qui gagnent entre 3 et 7 €/t selon les places.

La détérioration des perspectives de récolte continue de soutenir le colza dans l’UE

Les premiers échos du démarrage de la récolte de colza en Europe de l’Ouest et du Nord devraient nous parvenir dans les jours à venir. Rappelons que des conditions de cultures très inégales selon les régions et la période, notamment en France, en Allemagne et en Pologne, ainsi qu’un printemps chaud et sec en Europe du Nord n’ont cessé de nourrir les inquiétudes concernant les rendements qui seront engrangés.

Cette tendance a continué de soutenir les cours du colza européen sur la semaine, et cela malgré une nouvelle chute du prix du soja ainsi qu’un recul des cours du pétrole et de l’huile de palme. En France, le colza gagne 7,5 €/t rendu Rouen et 4 €/t Fob Moselle. Sur Euronext, il progresse de 3 €/t.

Au Canada, le prix du canola continue de suivre une tendance baissière en raison d’une amélioration des conditions de culture. Les conditions sèches qui prévalaient sur la grande majorité des régions de production ont été, pour un temps, écartées par les pluies observées ces derniers jours. De nouvelles précipitations restent toutefois nécessaires pour atteindre des conditions de développement optimales. Exprimé en dollar canadien, le canola recule de 5 $/t sur la semaine, ce qui se traduit néanmoins par une hausse de 1 $/t en dollar US.

En France, le prix du tournesol reste inchangé à 325 €/t à Saint-Nazaire en ancienne et nouvelle récoltes. Les plantes ont bénéficié d’une pluviométrie suffisante et régulière. Par conséquent, les développements végétatifs obtenus à ce jour sont satisfaisants. Les conditions de développement sont d’autre part correctes en Espagne et en Italie. Le déficit hydrique est toujours à surveiller en mer Noire, de faibles précipitations ont été enregistrées cette semaine mais les températures restent au-dessus de la moyenne de saison.

Le soja toujours plus bas à Chicago

Le prix du soja à Chicago a continué de se replier en raison de conditions de cultures quasi optimales aux USA ainsi que de l’absence d’amélioration des relations commerciales sino-américaines sur la semaine. Il recule de pratiquement 10 $/t sur le rapproché ainsi qu’en nouvelle campagne entre le 28 juin et le 5 juillet. Au 6 juillet, alors qu’entrent officiellement en vigueur les taxes supplémentaires des États-Unis et de la Chine, le cours du soja sur le rapproché à Chicago s’est stabilisé légèrement en dessous du niveau le plus bas enregistré au cours des dix dernières années.

Le soja en provenance des États-Unis est maintenant taxé à 28 % par les autorités chinoises : en conséquence il reste non compétitif à l’importation en Chine alors même qu’il n’a pas été aussi bon marché par rapport au soja brésilien depuis 14 ans. Le prix des tourteaux à Montoir recule encore de 4 €/t sous la pression du soja cette semaine. Le pois fourrager voit sa cotation inchangée.

À SUIVRE : guerres commerciales, climat et résultats des récoltes dans l’hémisphère nord (blé/colza/tournesol/soja), pollinisation du maïs aux USA.

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