«J’implante deux variétés de vesce et deux autres de trèfle, en même temps que mon colza », indique Mikaël Frémont, exploitant à Saint-Mars-du-Désert, en Loire-Atlantique. Cette technique, qui se solde par moins désherbage, a un impact positif contre les ravageurs et sur la fertilisation.

Au sein du Gaec Les Emeraudes, Mikaël conduit, avec son associé André Lebot, un troupeau de prim’holsteins sur 230 hectares, dont près de la moitié sont des cultures de vente : 70 ha de céréales et 30 ha de colza. Il pratique depuis huit ans cette association. Grâce à la couverture du sol par les légumineuses, il a supprimé le passage de l’antidicotylédones en présemis. Il ne réalise plus qu’un antigraminées pour les repousses de céréales en postsemis, qu’il applique en localisé, selon les besoins.

12 kg/ha de légumineuses gélives

L’exploitant sème son colza à 30 graines au mètre carré, avec l’ajout de 5 graines/m² de la variété précoce Alicia. Cette dernière attire les méligèthes et évite ainsi les dégâts sur le colza qui n’est pas encore en fleur.

Quant aux légumineuses, Mikaël explique avoir commencé à 25 kg/ha, pour descendre à 12 kg/ha sur le conseil de sa coopérative. « Le danger, c’est d’étouffer le colza », souligne-t-il.

Pour l’implantation, l’agriculteur a investi, avec sa Cuma, dans un semoir à deux réservoirs, pour éviter de mélanger les graines à la main. Afin de réduire les passages de désherbage, les variétés de légumineuses doivent être gélives. « Quelques jours à - 5 °C ou un jour à - 7 °C suffisent à les détruire. En huit ans, je ne n’ai les désherbées qu’une seule fois en sortie d’hiver », se souvient-il.

Depuis qu’ils implantent des légumineuses dans leur colza, les associés ont constaté une baisse des attaques de nuisibles. « Nous sommes passés de trois-quatre passages d’insecticides par an à deux, selon les années, rapporte Mickaël. À l’automne, les altises s’en prennent aussi aux plantes compagnes : cela réduit la pression sur le colza et donne plus de flexibilité pour traiter. » L’exploitant précise qu’un antilimaces n’est plus automatique, car les mollusques attaquent d’abord le trèfle.

Côté fertilisation, les légumineuses apportent de l’azote pour le blé qui suit. « Je pense qu’il y a aussi un effet sur le colza, mais c’est difficile à démontrer », convient-il. Par ailleurs, Mickaël a noté une amélioration de la portance, via l’absorption de l’eau par les plantes compagnes. Les rendements n’ont pas évolué.

Bien qu’efficace, la méthode n’est pas magique pour autant. « J’observe notamment un salissement des parcelles. C’est à surveiller », constate-t-il.

Louise Cottineau