Orientation baissière cette semaine pour les céréales et le colza de la nouvelle récolte à la suite des améliorations climatiques en Amérique du Nord. Les blés de l’ancienne récolte évoluent toutefois à contre-courant, soutenu par les achats de l’Algérie.

Le blé corrige en baisse mais inquiétudes en Australie et en Russie

Après la progression importante de la semaine dernière, les prix du blé de la nouvelle récolte sont en léger retrait cette semaine, de 1 €/t à Rouen (à 176,25 €/t en base juillet) et de 0,50 €/t à Creil (172,25 €/t) ou à La Pallice (176,75 €/t).

Mouvement inverse en revanche pour les blés de l’ancienne campagne qui gagnent 2 €/t, tirés par la nouvelle chute de l’euro face au dollar et probablement propulsés aussi par le troisième achat de l’Algérie pour le début de la prochaine campagne. L’Algérie vient en effet d’acheter aujourd’hui 1er juin entre 90 000 et 120 000 tonnes de blé pour chargement sur la première quinzaine de juillet à un prix de 229 à 230 $/t à destination.

Vu le prix, il est probable que cet achat porte sur des blés français et vienne compléter l’achat du début d’avril qui concernait aussi un chargement sur juillet. En fait, l’achat d’avril avait été annoncé pour 420 000 tonnes mais selon les opérateurs, il ne s’était élevé en fait qu’à 360 000 tonnes. Au total, en comptant aussi l’achat de 700 000 tonnes du 23 mai pour chargement en août, l’Algérie va solliciter fortement la France sur le début de la prochaine campagne et cela portera en partie sur des blés de la récolte de 2017 (en tout cas pour les chargements en juillet).

Sur le front des récoltes à venir, les inquiétudes ont plutôt diminué cette semaine en Amérique du Nord avec des pluies au Canada et aux USA. Cela a fait chuter les prix des blés US HRW (bonne qualité meunière) de 18 $/t après l’envolée de la semaine dernière. Cette évolution a pesé sur les prix des blés français nouvelle récolte.

Une situation critique en Australie et sud de la Russie

En revanche, la situation reste critique en Australie où l’humidité fait défaut (pluies des dernières semaines trop faibles, dans l’ouest et le sud-est notamment) et en Russie où les semis de printemps sont toujours en retard d’une part, et où dans plusieurs régions du sud (Rostov notamment) les plantes souffrent de sécheresse. Cette situation conforte la prévision d’un net recul pour la récolte russe par rapport à l’an passé. Des craintes de sécheresse commencent à poindre aussi dans le nord de l’Allemagne et la situation devient inquiétante dans le sud-est de l’UE (Bulgarie).

Les orges fourragères dégringolent, mais les brassicoles résistent

À Rouen, l’orge française nouvelle récolte a perdu 8,50 €/t, à 166,25 €/t, en base juillet au cours de la semaine qui vient de s’écouler. Les conditions des orges françaises sont satisfaisantes, pour les orges d’hiver notamment. Cela pèse sur les prix français même si le contexte mondial s’annonce tendu pour les orges sur la campagne à venir avec une demande mondiale importante (Chine, Arabie).

En Afrique du Nord toutefois, deux destinations importantes l’exportation de l’orge fourragère française, les récoltes s’annoncent bien plus satisfaisantes que l’an dernier grâce à un excellent printemps au Maroc et en Algérie. Pour la mer Noire, qui a donné du fil à retordre à l’origine française sur la scène mondiale en 2017-18, les conditions ne sont pas aussi bonnes que celles de l’an passé, en particulier en Ukraine.

Cela se reporte sur les prix des orges mer Noire (à 202 $/t pour l’orge russe et 203 $/t pour l’orge ukrainienne) qui sont supérieurs à ceux des orges Fob Rouen à 199 $/t (–11 €/t par rapport à la semaine dernière). La compétitivité de l’origine française pourrait toutefois être soumise à rude épreuve avec l’arrivée des récoltes mer Noire, surtout si l’euro remonte.

Sur le créneau brassicole, les orges de printemps comme d’hiver se sont sensiblement renchéries cette semaine (+2 €/t, à 191 €/t, et +1,50 €/t, à 171,50 €/t). Si les conditions sont correctes en France (pour les orges brassicoles d’hiver plus que pour celles de printemps), l’est de l’UE comme le Danemark sont confrontés, eux, à un temps sec et à des températures supérieures à la moyenne.

Note baissière en maïs

Les prix français du maïs sont restés stables cette semaine sur la façade atlantique et ont perdu 1 €/t en position Fob Rhin à 168 €/t (base juillet). L’humeur était plutôt à la baisse sur le marché mondial avec la bonne avancée des semis et une note de l’USDA (ministère américain de l’Agriculture) indiquant un très bon état des jeunes plants de maïs aux USA au 27 mai.

Parallèlement, les prix ukrainiens se maintiennent à des niveaux nettement inférieurs à ceux d’il y a un mois (193 $/t Fob contre 202 $/t) et cela pèse aussi sur le marché mondial. Au Brésil en revanche, les pertes concernant la seconde récolte se confirment (nous les estimons à plus de 10 millions de tonnes) et pourraient même être révisées en hausse. Le marché brésilien reste très handicapé par les grèves des camionneurs qui empêchent l’approvisionnement des industries locales et des ports.

En Chine, les acheteurs cherchent à « récupérer » les bateaux de sorgho qui ont été reroutés vers d’autres destinations avant le retrait de la taxe sur les importations de cette céréale. Cela risque de concurrencer le maïs.

Les bonnes conditions de semis aux USA et au Canada pèsent sur les prix du colza et du soja

Aux États-Unis, les semis de soja continuent de progresser très rapidement. D’après l’USDA, ils étaient réalisés sur 77 % des surfaces au 27 mai (62 % en moyenne quinquennale). Les sojas US bénéficient d’une bonne implantation, avec 47 % des sojas ayant déjà émergé contre 32 % en moyenne quinquennale. Au Canada également, les conditions de semis se sont nettement améliorées.

Les jours de temps sec alternent avec des jours de pluies, ce qui permet à la fois aux agriculteurs de bien progresser dans les travaux d’implantation, et aux graines de germer dans de bonnes conditions, même si les réserves hydriques sont inférieures à la normale. À l’heure actuelle, les semis sont pratiquement terminés dans le Manitoba et l’Alberta, et sont faits à hauteur de 88 % dans le Saskatchewan. C’est dans cette région que les réserves hydriques sont les plus limitées, et où des pluies régulières seront nécessaires durant les prochains mois.

Ainsi, le soja US recule de 6 $/t cette semaine en ancienne campagne et de 5 $/t sur l’échéance de novembre 2018 (nouvelle campagne). Le canola canadien recule de 3 $/t sur la semaine, suivi par le colza sur Euronext (–5 €/t). Sur le marché physique, le colza résiste un peu, avec une perte de 3 €/t sur le cours rendu Rouen. Néanmoins, le temps a été particulièrement chaud sec sur le nord de l’Allemagne, l’ouest de la Pologne et la Scandinavie la semaine dernière, ce qui a soutenu le prix fob Moselle (+1 €/t).

Le prix du tournesol reste stable en ancienne et nouvelle récoltes, les conditions de développement restant correctes, avec des pluies régulières associées à un temps chaud, sur les grandes régions de production de l’UE (France, Espagne, Italie, Europe centrale et de l’Est).

Le prix du tourteau suit à la baisse

Le prix du tourteau de soja à Montoir recule également sous la pression des bonnes conditions de culture aux USA : il perd 3 €/t cette semaine. Le recul des prix est tempéré toutefois par une nouvelle petite baisse de l’euro face au dollar américain.

Le pois fourrager voit, quant à lui, son prix rebondir de 7 €/t en cette fin de campagne, à 187 €/t départ Eure-et-Loir, celui-ci restant intéressant dans les rations tandis que le blé fourrager s’est nettement renchéri ces dernières semaines et que les prix du tourteau de soja restent élevés. Le prix du pois sur la nouvelle campagne est reconduit à 187 €/t.

À SUIVRE : conditions climatiques en Australie, Russie, nord et sud-est de l’UE, semis de canola en Australie et au Canada, négociations commerciales entre la Chine et les États-Unis, importations de biodiesel dans l’UE

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