« La conjoncture est difficile, nous sommes dans un nouveau monde, reconnaît Olivier de Bohan, président du groupe sucrier Cristal Union, qui a tenu “un langage de vérité” aux betteraviers lors des assemblées générales de section la semaine dernière. Avec la fin des quotas sucriers, notre filière est devenue une filière agricole comme une autre, sans prix garantis pour le planteur et les fabricants de sucre. »

Surproduction mondiale

Le secteur fait face à une forte chute du cours du sucre du fait d’une production mondiale record en 2017-2018, non seulement en Europe mais aussi en Inde, en Thaïlande et au Brésil. Le marché s’est très rapidement retourné après une forte augmentation des surfaces de betteraves en 2017 et des rendements exceptionnels.

Dans ces conditions, la prudence est de mise pour éviter les « erreurs de gestion » et maintenir une santé financière correcte. Cristal Union ne veut ainsi plus afficher un prix garanti de 25 €/t pour les betteraves des prochaines campagnes « car à chaque fois on va se tromper ». Au risque de mécontenter les planteurs.

Bataille de chiffres

Le prix moyen des betteraves engagées pour 2018 (récolte de 2017) est, quant à lui, annoncé à 27,47 €/t (betteraves excédentaires comprises), dont 25 €/t de prix minimum payés cash, 2 €/t en parts sociales d’épargne, et 0,47 €/t de primes diverses. « Hors betteraves excédentaires, ce prix moyen monte à 28,24 €/t », signale Olivier de Bohan. Un montant proche de celui de l’autre coopérative sucrière, Tereos.

Cette dernière annonçait le 18 avril dernier un prix final de betteraves de 28,40 €/t, intégrant le prix de base, les primes pour la campagne de 2017-2018, les intérêts aux parts sociales mais aussi le versement de dividendes (dont 0,86 €/t de dividende exceptionnel). Pour la campagne de 2018, Tereos affirme vouloir maintenir un prix minimum garanti de 25 €/t.

Saint Louis mécontente les planteurs

Des niveaux de prix que lorgnent les planteurs chez Saint Louis Sucre. Mais réunis en commission de répartition de la valeur (CRV) avec Saint-Louis Sucre, les planteurs ont quitté la table des négociations, mardi 21 mai à Paris, dénonçant une « mascarade ». Ils réclamaient un complément de prix de 2,60 €/t (betterave entière (BE)) pour les volumes contractualisés sur la récolte de 2017.

L’industriel aurait préféré mettre sur la table une prime d’engagement pour les semis de 2019. Une proposition inacceptable du point de vue des planteurs. Sans complément de prix, ils peuvent espérer un prix final des betteraves contractées de 20,25 €/t (BE), soit 21,7 €/t équivalent en betterave nue (BN). Les planteurs de la CRV restent fermes sur leurs positions, réclamant toujours à l’industriel un complément de prix de 2,60 €/t (BE) et qu’il se mette au niveau des prix de marché des autres sucreries (25 €/t BN).

A.Dufumier et I.E.