Après un an de période d’observation en redressement judiciaire, l’entreprise Van Hulle n’a pas réussi à refaire surface. Il faut dire que son passif était abyssal : 51 millions d’euros (M€) pour un chiffre d’affaires de 55 M€ en 2016… Les créances du négociant sont estimées à 11 M€ auprès des agriculteurs et 33 M€ auprès des banques.
En quelques mois, Van Hulle a réduit son passif grâce à un accord avec la multinationale Glencore, et, dans une moindre mesure, à un protocole avec les agriculteurs concernant l’achat de produits phytosanitaires. « Peu d’agriculteurs ont signé ce protocole et il a été très compliqué à mettre en œuvre », relativise Éric de Laguerenne, juriste à la FDSEA du Cher.
Trois mois de sursis
Aujourd’hui, le passif de l’entreprise est de 23 M€. Une grande incertitude demeure quant au recouvrement des créances, notamment celles des 250 agriculteurs du Centre Val de Loire, de Normandie et des Hauts de France. Tenant compte de la nouvelle récolte, le tribunal de commerce de Dieppe a octroyé une poursuite de l’activité.
La mise en liquidation signifie que l’entreprise de Mortemer (Seine-Maritime), qui compte 19 salariés, fermera en octobre, sauf si un repreneur s’est déclaré avant le 29 septembre. Dans cette affaire, les agriculteurs ne sont pas des créanciers privilégiés. Ils ont peu de chance de recouvrir la totalité des sommes dues. La FNSEA qui coordonne une action collective, ne s’est pas encore prononcée sur la suite de l’affaire.
Une mauvaise gestion
L’audience du 21 juillet au tribunal de commerce de Dieppe a mis en exergue les difficultés internes de gestion de l’entreprise. Selon le procureur, « l’administrateur judiciaire a établi des observations qui laissaient dubitatif sur le fonctionnement de l’entreprise ». Les éléments de comptabilité de base (marge brute, résultat, consommation de trésorerie) et l’inventaire des stocks étaient incomplets ou approximatifs.
De plus, les six derniers mois font apparaître une perte d’exploitation de 1,2 M€. Même si ces chiffres sont en cours d’audit, selon le procureur, cette perte illustre « l’incapacité de la société Van Hulle Agro Distribution à trouver son équilibre économique ». Des éléments qui laissent à penser que le mal est plus profond qu’une mauvaise position contractée sur le Matif en 2016.