« Cette campagne est une campagne russe, en termes de volume et de calendrier », a déclaré Ludovic Pâris, délégué de FranceAgriMer pour la filière céréalière. « Nous avons l’habitude que la Russie occupe le premier semestre de la campagne et libère le second pour les autres origines. Mais cette année, sa présence s’est étendue jusqu’à la fin de mars. » Pour la campagne de 2017-2018, la Russie a exporté 40 Mt de céréales. « Un volume colossal », estime-t-il. Au 14 mai, 89 % du blé, orge et maïs russes avaient été exportés, ce qui laisse un peu d’air aux céréales européennes.
Marc Zribi, chef de l’unité des grains et du sucre, se veut rassurant : « L’Europe reste parmi les blocs de pays exportateurs qui comptent toujours, avec 13 % à 15 % de la part du marché mondial, grâce à une offre de qualité qui répond aux besoins des acheteurs. »
Grève SNCF : les volumes finalement acheminés à l’exportation
En dépit des craintes qui avaient été émises concernant la grève SNCF, il n’y a finalement pas eu de problème en volume pour l’exportation. Les plans en régions avec les pouvoirs publics et la SNCF ont permis aux transporteurs de s’organiser, comme en témoignent les dernières exportations : 1 Mt en avril, 450 000 t sur la première quinzaine de mai.
« En revanche, il y a une vraie problématique de coût », liée aux prix du transport par camion, précise Rémi Haquin, président du conseil spécialisé pour la filière des céréales chez FranceAgriMer. L’organisme doit chiffrer les surcoûts que les grèves auront occasionnés. « D’autres filières se plaignent de retards de livraison, comme sur le marché de la bière. Les retards de livraison en grande surface entraînent des pénalités », indique-t-il.
Diminution des surfaces en blé dur
En France, une diminution de 2 % des surfaces emblavées est projetée en 2018-2019, à 361 000 ha. La baisse la plus marquée s’observe en Région Paca, ancienne grande région productrice de blé dur, qui se tourne désormais davantage vers du maraîchage et la culture du lavandin. Pour Rémi Haquin, c’est une déception, car la France a un créneau à occuper.
Un regain notable des exportations françaises vers l’UE est prévu pour la campagne de 2017-2018 (1,2 Mt contre 0,8 Mt en 2016-2017). Au niveau européen, la diminution des importations se poursuit : –18 % enregistrés entre 2016-2017 et 2018-2018 pour les 5 origines les plus courantes (Canada, Kazakhstan, Australie, USA et Russie).