Les couverts végétaux sont encore vécus comme une contrainte réglementaire par beaucoup d’agriculteurs. Pour d’autres cependant, ils sont source de nombreux bénéfices. C’est notamment le cas des agriculteurs membres de l’association Base, dont l’assemblée générale s’est tenue le 23 février à Angers.
Lors de cette journée, agriculteurs et experts ont mis en avant, au-delà de l’aspect « piège à nitrates » souvent mentionné, les effets positifs des couverts sur l’amélioration de la structure du sol et dans la lutte contre le salissement. Plus de 300 personnes ont participé à cette assemblée générale.
L’association Base, qui promeut l’agriculture de conservation des sols, voit le nombre de ses adhérents augmenter chaque année. Ils étaient 1 200 en 2017.
« Cultivez votre désherbant »
« Nous devons passer d’une agriculture où il n’y a que la plante cultivée et où tout le reste est éradiqué, à un système où la plante cultivée est accompagnée de plantes régulées », estime Michel Griffon, agronome et ancien président de l’Association pour une agriculture écologiquement intensive (AEI).
Qu’il s’agisse de plantes semées entre deux cultures de vente (couverts végétaux) ou en association avec une culture de vente (plantes compagnes), la couverture plus abondante des sols et l’apport accru de biodiversité permettent de diminuer les utilisations d’herbicides et d’insecticides. La pratique du colza associé à des légumineuses est un exemple qui commence à se propager dans les campagnes. « Quelle que soit la légumineuse associée, on observe toujours une réduction des adventices (jusqu’à -70 %) par rapport au colza seul », fait savoir Mathieu Lorin, enseignant-chercheur en agronomie à l’École supérieure d’agriculture (Esa) d’Angers. Il a réalisé une thèse sur l’effet des colzas associés sur les adventices.
Intensification de la photosynthèse
Outre la diminution des produits phyto, les couverts végétaux ouvrent la voie à de nouvelles utilisations : production de fourrage, de biomatériaux, d’énergie renouvelable, nourriture pour la vie du sol… Sans compter la production de semences, amenées à devenir « les premiers intrants en agriculture », selon Frédéric Thomas, agriculteur dans le Loir-et-Cher et coprésident de Base. « Il faut affecter plus de surfaces à la production de semences ! Pourquoi le radis, la vesce, la phacélie ne sont pas produits en France ? », se demande-t-il.
Une solution contre le réchauffement climatique
Enfin, l’intensification de la couverture végétale, et donc de la photosynthèse, permet aussi l’augmentation du stockage de carbone dans les sols. « En matière de réchauffement climatique, l’agriculture est à la fois la victime et la cause puisqu’elle émet 25 % des gaz à effet de serre dans le monde, indique Bruno Parmentier, économiste et ancien directeur de l’Esa d’Angers. Mais elle a aussi la solution, grâce au stockage du carbone dans les sols ! Il faut donc intensifier la photosynthèse, tout en cessant l’artificialisation des sols. »