Il y a quatre ans, Maxime de Rostolan, ingénieur chimiste et titulaire d’un BPREA, lançait le projet Fermes d’avenir, à Montlouis-sur-Loire (37). Objectif : démontrer que « l’agriculture sur une petite surface, inspirée de la permaculture, est rentable », faire en sorte que le métier de maraîcher devienne « désirable » et créer 200 000 emplois d’ici 2025.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Le rendez-vous a lieu, comme en 2014, à la ferme de la Bourdaisière. Les arbres et les cultures ont poussé (6 000 m2 cultivés) et un motoculteur a remplacé les cochons. « Après une approche très inspirée de la permaculture, nous revenons aux fondamentaux du maraîchage », précise Maxime, qui ne travaille plus à la ferme. « Ma contribution est plus utile dans la mise en place des programmes et le lobbying », explique ce communicant hors pair, habitué des ministères.

Des maraîchers salariés

C’est Rachel et Tom, tous les deux en CDI, qui s’occupent des cultures. Ils sont aidés d’un ou deux stagiaires. En 2018, le chiffre d’affaires lié à la production devrait avoisiner 35 000 € (21 000 € en 2017). Il faudrait 80 000 € pour atteindre l’équilibre.

L’objectif de faire vivre trois personnes au bout de quatre ans sur 1,4 ha n’est pas atteint. Pourtant, en tant que salariés de l’association (20 salariés et 1 M€ de budget), les deux maraîchers touchent un salaire d’environ 1 400 € net par mois. Maxime de Rostolan explique les subtilités de ce modèle économique : « Pour parvenir à travailler 35 heures par semaine et sortir un Smic avec une agriculture naturelle, les services éco-systémiques, comme la gestion de la biodiversité ou la séquestration du carbone doivent être rémunérés. » Fermes d’avenir a œuvré pour qu’un amendement dans la loi agriculture et alimentation soit déposé dans ce sens. En attendant, Maxime va à la pêche aux subventions, vers les collectivités ou les entreprises de la filière alimentaire.

Le site a développé une activité de formation et de séminaires (de 30 000 à 40 000 €/an). Les stagiaires sont-ils conscients de la non-rentabilité du système ? Le fondateur se défend de montrer une ferme « exemplaire ». « Nous n’envoyons personne au casse-pipe. Nos chiffres sont transparents et accessibles (1). Notre ambition est de créer des conditions favorables à l’émergence de l’agroécologie dans tous les territoires, grâce au métier de « payculteur », un entrepreneur du territoire. » Cinq fermes en polyculture-élevage (lire p. 25) de plusieurs dizaines d’hectares sont en projet sur ce modèle.

(1) https ://fermesdavenir.org/ferme-de-bourdaisiere/le-projet-la-boudaisiere/quelques-chiffres