Plusieurs bateaux sont en cours de chargement dans les grands ports français : de l’orge fourragère à destination de l’Arabie Saoudite (193 000 t), du blé vers le Maroc (127 000 t), l’Algérie (104 000 t) et Cuba (51 000 t). Ces chargements résultent d’achats réalisés en février. Par ailleurs, le blé fourrager est très compétitif sur la fin de campagne vers les grands pays consommateurs que sont l’Espagne, le nord de l’Union européenne (UE) et l’Italie.

Cela a soutenu le prix des blés et orges français cette semaine. Les blés gagnent de 1 à 3 €/t pour le créneau meunier (selon les places) et de 2 à 4 €/t pour le créneau fourrager. La hausse de l’orge fourragère est de l’ordre de 2 €/t, à 139 €/t en rendu Rouen et 125 €/t en Fob Moselle.

Manque de pluies dans plusieurs pays de l’UE

Après un hiver globalement sec et peu de pluies depuis la fin de mars, un déficit hydrique touche l’Espagne où les signes de stress sont déjà marqués. Et, dans une moindre mesure, la France (Nord et Est surtout), la Belgique, la Hongrie, l’Autriche et la Bulgarie. Les prochains jours devraient être peu arrosés en Espagne, en France et au Royaume-Uni alors qu’une dépression devrait amener des précipitations dans les autres pays.

Des pluies sont nécessaires pour assurer le développement des cultures d’hiver et un bon départ aux orges de printemps. Ainsi, les cotations de la nouvelle récolte d’orge de brasserie remontent cette semaine de 4 €/t pour les brassicoles d’hiver à 158 €/t Fob Creil, et de 2 €/t pour les brassicoles de printemps à 186 €/t Fob Creil. Les cotations brassicoles de l’ancienne campagne sont reconduites.

Le weather market entre en scène pour les semis américains de maïs

Dans son dernier rapport sur l’offre et la demande mondiale, le ministère américain de l’Agriculture (USDA) a revu à la hausse les stocks mondiaux de la fin de la campagne de 2016-2017. Pourquoi ? En raison d’une remontée des récoltes de l’hémisphère Sud (Amérique du Sud et Afrique du Sud). En Argentine, la récolte de maïs est retardée par les pluies et par la priorité donnée à la récolte de soja.

Malgré la fin de la campagne de 2016-2017 qui s’annonce très lourde, les prix états-uniens ont gagné 5 $/t cette semaine (à 163 $/t Fob), soutenus par des craintes de retard de semis dans le Midwest. Selon l’USDA, 3 % des semis de maïs étaient réalisés au 9 avril contre 4 % l’an dernier à la même date. Pas de quoi s’inquiéter outre mesure pour le moment car les semis peuvent vite s’accélérer : en 2015 par exemple, les semis ont été retardés au cours du mois d’avril mais ont fortement progressé au début de mai et le rendement a tout de même atteint 10,6 t/ha cette année-là.

En France, la fermeté est de rigueur avec +0,5 à +1 €/t selon les places, à 168 €/t en Fob Rhin et 167,25 €/t en Fob Bordeaux. Les semis de maïs avancent rapidement en raison du temps sec : au 10 avril, 31 % des maïs étaient semés, selon FranceAgriMer, contre 3 % seulement l’an dernier à la même date.

La météo américaine soutient le soja

Dans le dernier rapport de l’USDA, les disponibilités de soja sont sans surprise revues à la hausse au niveau mondial, et surtout en Amérique du Sud. Ce qui entraîne une remontée des estimations de stocks en fin de campagne à 87 millions de tonnes. Ces chiffres attendus par le marché n’ont pas provoqué de changement majeur : les prix ont même été entraînés à la hausse par des risques de pluies lors des semis sur la « Soy Belt » (nord-est des États-Unis).

Les opérations ne commenceront réellement qu’en mai, mais ces mouvements de prix montrent que les opérateurs restent nerveux alors qu’une bonne récolte est nécessaire pour l’équilibre des bilans de la prochaine campagne (2017-2018). Ainsi, à Chicago, le cours du soja regagne 5 $ cette semaine à 351 $/t sur le rapproché (échéance de mai 2017). Les opérations de semis des prochaines semaines, et donc le climat, seront à suivre de près.

Les colzas australiens plombent les cours français

Malgré la hausse observée cette semaine sur les cours du soja, les prix du colza en France reculent sur le rapproché. Le colza valait ainsi hier soir 392 €/t rendu Rouen (–5 €/t) et 401 €/t en Fob Moselle (–4 €/t). Sur Euronext, la cotation de l’échéance de mai recule elle aussi de 5,25 €/t cette semaine (à 396,75 €/t). Les cours sont plombés par l’arrivée massive ces deux dernières semaines de colzas australiens dans les ports européens – environ 0,4 million de tonnes (Mt), dont 0,15 Mt en France.

Le léger recul des cours de l’huile pèse aussi sur la graine. Il est à noter toutefois que les cours de la nouvelle campagne (récolte de 2017) remontent légèrement (+2,25 €/t), soutenus par le manque d’eau actuel dans les campagnes françaises et dans une partie de l’Europe.

Au Canada, les cours sont pour leur part en hausse marquée (+16 $/t cette semaine), au vu de la raréfaction des volumes disponibles et d’inquiétudes sur les conditions climatiques au moment des semis.

La cotation du tournesol poursuit son recul cette semaine à Saint-Nazaire (–5 €/t à 350 €/t).

Les pluies en Argentine font remonter les tourteaux

En Argentine, la récolte en cours de soja et la trituration locale sont entravées par les pluies, ce qui soutient les cours des tourteaux, dont l’Argentine est le premier exportateur mondial. Les prix des tourteaux de soja à Chicago regagnent ainsi 10 $/t sur le marché à terme. Sur le marché français, le prix du tourteau de soja remonte de 10 €/t à Montoir (à 347 €/t). Les cours sont aussi soutenus par la hausse du prix de la graine.

Le prix du pois fourrager au départ de la Marne est inchangé cette semaine à 210 €/t.

À suivre : conditions de semis aux États-Unis, conditions de récolte en Amérique du Sud, pluies dans l’UE.

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