La cercosporiose a compliqué la vie des producteurs de betteraves en 2017, dans les régions où elle est traditionnellement présente mais aussi dans de nouveaux secteurs, notamment en Picardie, dans l’Aisne et l’Oise. « En Alsace, Limagne, Champagne et au sud de Paris, la pression a été très forte, explique Ghislain Malatesta, responsable des régions à l’ITB (1). L’alternance de chaleur et d’humidité en début d’été a été propice à l’évolution rapide de la maladie, avec des niveaux de gravité rarement observés. »
Les attaques ont provoqué des pertes de rendement de 10 à 15 % en moyenne. D’après l’ITB, la nuisibilité de la maladie atteint jusqu’à 30 % dans les parcelles les plus touchées. La sénescence des feuilles peut entraîner des repousses foliaires et, dans ce cas une chute de la richesse en sucre, à moins de 16 %. Bien que le nombre de traitements fongicides ait augmenté, des producteurs n’ont pas réussi à contrôler la cercosporiose. En Limagne ou en Alsace, des parcelles ont reçu jusqu’à cinq ou six traitements.
Apports de la génétique
« Dans les zones à forte pression, il est indispensable d’opter pour des variétés avec un bon niveau de résistance, conseille Ghislain Malatesta. Nous disposons désormais de variétés dans tous les créneaux, à la fois en variétés classiques résistantes à la rhizomanie mais aussi aux nématodes et au rhizoctone brun. L’ITB souligne notamment l’intérêt de Vulcania KWS, Linotte, FD Chelem, Auckland, Dickens et Lareina KWS, pour leurs performances et leur bon niveau de résistance à la cercosporiose. Parmi les variétés tolérantes aux nématodes, il estime que Vienetta KWS, Annabella KWS et Eucalyptus cumulent bon niveau de performances et résistance à la cercosporiose.
De bons résultatsavec le cuivre
« Le choix d’une variété résistante ou tolérante à la maladie n’est pas suffisant, poursuit le responsable de l’ITB. Il doit être associé à un programme fongicide adapté à la cercosporiose. Compte tenu des pertes d’efficacité des strobilurines contre ce champignon, il est préférable d’avoir recours à d’autres matières actives dans les zones concernées. » En situation de forte pression, l’ITB déconseille des produits comme Priori Xtra et Ibex.
Lors d’essais dans le Loiret en 2017, l’institut a obtenu de bons résultats avec Spyrale, à base de triazole (difénoconazole) et morpholine (fenpropidine), à 1 l/ha, associé à du cuivre, Yucca à 2,8 l/ha. Yucca n’a pas encore d’autorisation de mise en marché (AMM) sur betteraves mais a obtenu, en 2017, une dérogation pour être utilisé pendant 120 jours.
« Pour la campagne 2018, nous espérons que des produits à base de cuivre obtiendront une AMM sur betteraves, ou au moins une dérogation, ajoute Ghislain Malatesta. En cas de récolte tardive, le recours à une variété tolérante à la cercosporiose permet d’économiser un traitement fongicide. »
L’ITB recommande également d’éliminer les résidus des cultures précédentes, de labourer après le blé qui suit une betterave fortement attaquée, de fertiliser les betteraves au plus près de ces besoins et d’éliminer les adventices hôtes.
(1) Institut technique de la betterave.