Il est bien connu qu’un semis de pois d’hiver dense favorise le développement d’un couvert épais, propice aux attaques de maladies et à la verse. À l’inverse, un couvert plus aéré réduit le risque d’ascochytose, et diminue également le coût du semis. Les densités actuellement recommandées s’échelonnent entre 70 et 115 graines/m² en fonction du type de sol, mais ces préconisations ont été établies voilà une vingtaine d’années ! Depuis, les variétés ont évolué. Plusieurs d’entre elles présentent une forte capacité à ramifier (lire encadré), ce qui densifie d’autant plus le couvert végétal. Fort de ce constat, l’institut technique Terres Inovia a lancé en 2015 des essais, afin de réévaluer les densités de semis de pois d’hiver. Les premiers résultats montrent qu’il est parfois possible de réduire la densité sans diminuer le rendement.

Différences de comportement

En 2016, trois variétés étaient évaluées : Enduro (inscrite en 2007, la plus cultivée en France), Balltrap (2014) et Fresnel (2015). « Les résultats ont révélé que la variété Balltrap se comportait bien à une densité plus faible que celle préconisée », indique Véronique Biarnès, coordinatrice de ces essais chez Terres Inovia. Dans le test de Rennes, en sol de limon argilo-sableux, Balltrap a ainsi obtenu le meilleur rendement à la densité de 60 plantes/m². « Ces résultats sont également corroborés par des agriculteurs en Normandie, une région où la culture du pois d’hiver est habituellement déconseillée. Depuis quelques années, ils ont spontanément diminué leur densité de semis pour Balltrap, avec de bons résultats », souligne Véronique Biarnès.

Les essais confirment qu’il existe, en revanche, une différence de comportement entre les variétés dans un type de sol donné. Ainsi, dans le même test, les densités optimales pour Fresnel et Enduro se situaient, respectivement, vers 70-75 et 90-100 grains/m². En 2017, les essais ont été reconduits avec l’Inra à Rennes, la Fnams (1) à Angers et Bourges, et Terres Inovia à En Crambade, en Haute-Garonne. La variété Furious, nouveauté de 2016, a été ajoutée. Certains tests seront également poursuivis en 2018. L’analyse globale de toutes les données permettra ainsi de rafraîchir les recommandations des doses de semis, non seulement en fonction du type de sol, mais aussi en fonction de la variété.

(1) Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences.