La filière forêt-bois est considérée comme stratégique dans l’atténuation du changement climatique, d’une part grâce à sa capacité de stockage du carbone, et d’autre part grâce à la production de matériaux bois en remplacement du béton, de l’acier..., plus émetteurs de gaz à effet de serre (GES).
Une étude de l’Inra et de l’IGN, présentée lors d’un colloque en juin 2017, a simulé les effets d’un scénario d’intensification de la production forestière française à la fois sur le stockage du carbone et sur l’économie de la filière. Ce scénario inclut un plan de reboisement de 500 000 ha en dix ans, plan qui avait déjà été évoqué par le conseil général de l’Agriculture en 2015 afin de favoriser le captage de carbone.
Des bénéfices attendus des produits bois
Les bénéfices en termes de stockage de carbone liés à ces plantations culmineraient à l’horizon de 2070. À plus court terme, ce sont les émissions de GES évitées par la substitution des matériaux concurrents au bois qui compléteraient positivement le bilan carbone.
« La gestion durable d’un tel plan de reboisement nécessite plusieurs conditions, et notamment la maîtrise de la végétation concurrente et la diminution du niveau de gibier », expose Jean-François Dhôte, de l’Inra. Étant donné que la fréquence et l’intensité des crises majeures auxquelles sont soumises les forêts françaises, tels les tempêtes, incendies ou invasions biologiques, pourraient à l’avenir augmenter, les gains attendus d’un stockage de carbone dans l’écosystème pourraient être bouleversés.
Sur ce point, les experts montrent qu’une intensification de la production forestière jouerait un rôle d’amortisseur grâce aux effets de substitution engendrés par les produits bois. « D’autant que la France part d’un stock forestier très élevé et capable d’absorber des chocs très importants, qui seront compensés à 100 % en cas de crise », constate Jean-François Dhôte.
Néanmoins, cette gestion active nécessiterait tout autant une évolution des consommateurs qu’une réorientation de l’appareil industriel de la filière. Côté demande, une économie basée sur les biomatériaux orienterait les consommateurs vers les produits bois. Côté offre, les politiques publiques sont nécessaires pour aider les propriétaires forestiers et les acteurs de la transformation. L’étude de l’Inra et de l’IGN montre que si de tels efforts étaient fournis, les gains pour la filière dans son ensemble seraient importants, ainsi que le nombre d’emplois créés.