Implanté assez tard au printemps, le maïs offre la possibilité de maintenir un couvert d’interculture jusqu’en sortie d’hiver… Voire, selon les situations, jusqu’au semis ! Avec, cependant, des précautions à prendre. « Choisir la date de destruction est un compromis entre les bénéfices escomptés du couvert et ses effets dépressifs potentiels », explique Jérôme Labreuche, ingénieur chez Arvalis-Institut du végétal.
Sur les terres sensibles à l’érosion, il est judicieux de couvrir le sol le plus longtemps possible. La compétition sur les adventices et la restitution de grandes quantités d’azote sont également des raisons de maintenir l’interculture. Mais détruire tardivement un couvert a des contraintes et, en premier lieu, celui d’anticiper le travail du sol avant semis, notamment dans les sols lourds et difficiles à travailler au printemps. « La destruction tardive est plutôt adaptée aux situations de travail réduit du sol, voire de semis direct, en sols légers », avertit Jérôme Labreuche.
Disponibilité en azote
Arvalis s’est penché sur la question en réalisant plusieurs essais de destruction de couverts avant maïs. Résultat, « plus la destruction du couvert est tardive, plus l’impact du couvert peut être fort sur le rendement du maïs. » L’effet dépressif est particulièrement marqué avec les essais de couverts de seigle et de phacélie détruits tardivement. « En revanche, des gains de rendement assez élevés ont parfois été observés avec des légumineuses, seules ou associées, détruites tardivement. » Et pour cause, les espèces possèdent différentes cinétiques de minéralisation de l’azote. Ainsi, les couverts de graminées fournissent peu d’azote, et peuvent même avoir un impact négatif lors des premières semaines après leur destruction (phénomène de faim d’azote). En revanche, les légumineuses offrent une minéralisation très rapide, et en continuant à se développer en sortie d’hiver, elles fixent plus d’azote. « L’idéal, poursuit Jérôme Labreuche, serait d’associer des non-légumineuses gélives avec des légumineuses qui gèlent peu, mais les choix sont limités : trèfle incarnat, vesce d’hiver ou féverole d’hiver en sont les rares exemples. »
Dans le cas d’une destruction tardive, l’impact sur la ressource en eau dans les situations non irriguées n’est pas à négliger. Selon les essais de l’institut Arvalis à Gaillac, dans le Tarn, en 2013-2014, « il manquait environ 15 mm d’eau dans le sol sur l’horizon 0-120 cm lorsque le couvert était détruit en avril, une valeur assez faible mais pas forcément négligeable en cas de situation hydrique limitante. » Dans ces cas, il est recommandé de détruire le couvert trois ou quatre semaines avant le semis.