« Nous avons conduit beaucoup d'expérimentations sur l'apport de l'azote en localisé sur betteraves, au milieu des années 1990 et début 2000, car les agriculteurs s'étaient vraiment intéressés à la technique à l'époque, explique Rémy Duval, spécialiste de la fertilisation à l'ITB (Institut technique de la betterave). Depuis, nous avions un peu moins de demandes et le pourcentage de surfaces de betteraves fertilisées sous cette forme était resté stable, aux alentours de 10 %. »

Ces derniers temps, la recherche de réduction d'intrants, une attention particulière portée à la fertilisation sur les bassins d'alimentation de captage d'eau, l'investissement dans les technologies GPS RTK conduisent les agriculteurs à s'interroger à nouveau sur ce mode d'apport.

« Le premier intérêt de l'apport en localisé de l'azote est de l'enfouir dans le sol, et ainsi de supprimer les pertes par volatilisation, indique Rémy Duval. L'engrais est également placé à proximité du chevelu racinaire, ce qui permet d'assurer une bonne alimentation de la plante, dès les premiers stades de croissance de la plantule. » Les trois types d'engrais - ammonitrate, urée ou solution azotée - peuvent être apportés ainsi, et l'intérêt est dans chaque cas le même. Le fait d'enfouir l'azote en localisé à 7 cm du rang de semis permet de réduire l'apport d'azote de 15 à 20 %, c'est-à-dire d'économiser aux alentours de 20 unités pour une dose d'apport conseillée en plein de 100 à 120 unités. »

DÉBITS DE CHANTIER PEU RALENTIS

« Tous les fabricants de semoirs proposent des dispositifs d'enfouissement en localisé, précise le responsable de l'ITB. Des sociétés, comme Agronomic ou Dorez, en commercialisent également, et à l'ITB, nous mettons à la disposition des agriculteurs qui le souhaitent les schémas de montage d'équipements conçus par des producteurs. »

Le fait que l'apport d'azote au semis ralentisse le débit de chantier a probablement été un frein au développement de la technique dans les années 2000. « En réalité, tout est une question d'organisation, ajoute Rémy Duval. Aujourd'hui, les agriculteurs sont souvent passés à des semoirs de taille plus importante, et ils sont mieux équipés au champ pour approvisionner en azote le système de distribution. Nous avons mesuré que, sur une semaine de semis de betteraves, le fait d'apporter l'azote en même temps ne fait perdre qu'une demi-journée. En revanche, attention au poids de la trémie pleine ou de la cuve d'azote, qui peut nécessiter le recours à des pneus larges, voire à des roues jumelées. »

L'ITB avait pensé que l'arrivée de la précision GPS RTK à 2 cm donnerait un intérêt à l'enfouissement en localisé, en un passage séparé de celui du semis. L'institut a testé des équipements en ce sens, mais les agriculteurs n'y ont pas trouvé d'intérêt.