Dans le Lauragais, le groupe Dephy de l’ouest audois rassemble douze céréaliers en bio ou en conventionnel, qui pratiquent le semis direct, les préparations simplifiées ou le labour. « Leur objectif commun est de mobiliser des leviers agronomiques afin d’optimiser les rendements tout en réduisant les intrants », souligne Loïc Doussat, de la chambre d’agriculture de l’Aude, qui anime ce groupe.
Pour y parvenir, ces céréaliers diversifient les associations d’espèces en culture comme en interculture de façon à mieux couvrir le sol. « Pour certains, il s’agit avant tout de faciliter le semis direct, pour d’autres d’améliorer la structure des sols qui nécessitent de plus en plus de puissance pour être travaillés, ou encore de mieux maîtriser l’enherbement », détaille-t-il.
Dans les couverts, la plupart associent désormais des espèces avec un système racinaire différent. « L’été, le sorgho et le radis fourrager, par exemple, ameublissent bien le sol. Après une petite pluie d’automne, le labour se fait plus facilement », observe-t-il. Le sorgho produit de la biomasse et résiste bien à la sécheresse. L’ajout d’une crucifère comme le radis stimule mieux la vie du sol en enrichissant sa biodiversité.
Plantes de service
« Nous essayons aussi en couverture du soja ou du blé qui ne finiront pas leur cycle mais apporteront un service à la culture à récolter », note Loïc Doussat. Un premier essai avec du soja semé en août avec le colza a donné de bons résultats. « Le gel a détruit le soja, qui a restitué de l’azote au colza en sortie d’hiver. » En mai prochain, ils vont semer du blé en couvert avec un soja. « L’idée est de trouver une céréale qui se met en dormance l’été tout en couvrant le sol, de manière à le protéger du tassement de l’irrigation tout en gênant le développement des dicotylédones. »
Apports d’azote
Autre option testée, les couverts pluriannuels. « Semé avec le colza, le lotier, par exemple, ne se développe vraiment qu’après la récolte de celui-ci. Il couvre le sol en été et, dans le blé dur qui suit, il amène de l’azote sans être trop envahissant, contrairement à la luzerne. Par rapport à un blé dur seul, il améliore le rendement et le taux de protéines », remarque-t-il. La semence revient à 90 €/ha, toutefois comme le lotier ne s’implante qu’une fois pour trois ans, cela réduit les frais.
Pour couvrir le sol dans les intercultures longues, d’autres pratiquent des doubles couverts avec des associations d’espèces adaptées à chaque saison. « Le premier couvert, composé de graminées et de crucifères, piège les nitrates. Les légumineuses du second prennent le relais pour l’hiver et amènent de l’azote à la culture de printemps. »
Les cultures associées couvrent elles aussi mieux le sol. « Le blé dur et le pois chiche, testés en bio depuis trois ans, fonctionnent bien ensemble. La pression des maladies comme celle des adventices diminue. Avec plus de plantes au mètre carré, il y a moins d’érosion en cas d’orages violents. De plus, si les excès d’eau pénalisent par endroits le pois chiche, il reste au moins du blé dur. Le rendement est ainsi supérieur à celui du pois chiche ou du blé dur cultivés seuls. » Frédérique Ehrhard