Technique avantageuse d’un point de vue agronomique, économique et organisationnel, le semis de couverts à la volée dans le précédent est néanmoins souvent perçu comme aléatoire par les agriculteurs. Afin de mieux comprendre les mécanismes en jeu, Agro-Transfert a mis en place un réseau de dix essais en 2019 et 2020, principalement dans les Hauts-de-France.

Dix essais

Plusieurs combinaisons d’espèces, de dates de semis et de gestion des résidus de culture ont été testées sur interculture longue, en précédent blé. « Les indices de rendement montrent que dans 80 % des cas, cette technique est plus performante que le semis classique, et parfois de loin », indique Romain Crignon, d’Agro-Transfert.

Sécuriser la levée

Ces essais font ressortir trois facteurs de réussite. Le premier est le choix des espèces, en privilégiant la vigueur à la levée et le caractère tardif. « Globalement, on a plus d’espèces adaptées que l’inverse, indique Sophie Wieruszeski, de la chambre d’agriculture de l’Oise. Pour débuter, le mélange “ vesce, phacélie, radis” est le choix le plus sécurisé. » Le deuxième facteur est la période de semis : elle est à rapprocher le plus possible de la récolte du précédent, soit dans les trois semaines avant moisson, selon Agro-Transfert. Enfin, la restitution des pailles, sans être obligatoire, peut aider à maximiser la levée : « En cas d’exportation, le choix des espèces sera à adapter », précise Sophie Wieruszeski. Hormis ces recommandations, la technique exige des parcelles propres, notamment parce que le déchaumage n’est pas possible.

Semer à plus de 28 m

« Avec des graines nues et un épandeur centrifuge, le semis à plus de 28 m est impossible pour la plupart des espèces », souligne Antoine Galland, d’Agro-Transfert. Pour palier cette contrainte, deux leviers ont été étudiés : la confection de « pellet » de graines pour alourdir le mélange et l’utilisation de semoirs spécifiques. Dans les deux cas, la biomasse est plus importante et mieux répartie pour chaque espèce par rapport au témoin (2,7 tMS/ha pour le pellet et 2,9 tMS pour le semoir spécifique contre 1,8 tMS pour le témoin, au Delimbe T28 sans pellet).

La réussite des couverts semés à la volée dans le précédent est donc possible mais « il faut savoir faire preuve de patience car les levées n’arrivent qu’après les premières pluies significatives », précisent Agro-Transfert et ses partenaires de chambres d’agriculture.

Charlotte Salmon