À l’EARL Berthelot, le couvert a été semé dans le blé, le 16 juillet, quelques jours avant la moisson. « J’ai implanté un mélange de phacélie et de radis », explique Pierre Berthelot, éleveur de vaches allaitantes. Il a semé avec l’outil Maxi Couv’, un prototype fabriqué par les établissements Devrand, à Trédias (Côtes-d’Armor), équipé d’une rampe qui permet de semer jusqu’à 24 m, en démonstration sur les exploitations du bassin-versant de la Flume à cette période. C’est la deuxième­ année qu’il teste le semis de couverts avant récolte. « L’an passé, j’ai semé le 11 juillet et nous avons moissonné le 15 juillet. J’ai obtenu un beau couvert de 60 cm de hauteur avec une bonne couverture du sol. »

 

Le matériel peut semer jusqu’à 24 mètres en roulant dans les passages de roues existants. © I. Lejas
Le matériel peut semer jusqu’à 24 mètres en roulant dans les passages de roues existants. © I. Lejas

Meilleure organisation du travail

« Plus on sème tôt, plus on va disposer de végétaux développés. Une semaine de retard courant août pour le semis du couvert, ça correspond à une perte de potentiel de 1t de MS et de 20 à 30 unités d’azote (UN) non captées », assure Jérémy Guil, de la chambre d’agriculture de Bretagne. L’idée est donc de semer le plus tôt possible après la récolte des céréales, voire même avant, grâce à un outil comme Maxi Couv’ pour profiter de l’humidité du sol et des températures intéressantes.

 

Une bâche est fixée sous le tracteur pour éviter d’abîmer la récolte, notamment l’orge. © I. Lejas
Une bâche est fixée sous le tracteur pour éviter d’abîmer la récolte, notamment l’orge. © I. Lejas

Achat dans un cadre collectif

L’agriculteur y voit de nombreux avantages en matière d’organisation du travail. « Habituellement, je moissonne, je presse ma paille et je me dépêche de la ramasser avant de partir en vacances. Au retour, il faut s’occuper des couverts et de la préparation des terres pour le colza, détaille Pierre. Avec cette technique, j’avance les couverts à une période plus calme et j’économise ainsi de l’argent. » Le coût d’implantation (estimé de 9 à 10 €/ha) est moins cher qu’un semis classique. Il y a moins de travail du sol, donc moins de carburant consommé et moins de main-d’œuvre aussi avec un débit de chantier plus rapide (10 ha en 1 h 30).

Le prototype est équipé d’une rampe de 12 m avec une trémie à chaque bout. © I. Lejas
Le prototype est équipé d’une rampe de 12 m avec une trémie à chaque bout. © I. Lejas

L’objectif n’est pas d’investir individuellement dans une telle machine. « L’achat est intéressant dans un cadre collectif puisque les agriculteurs ne sèment pas 100 % de leurs couverts de cette façon, estime David Bouvier, de la chambre d’agriculture de Bretagne. Tout dépend du type de couvert qui doit être implanté. Un couvert court est plus adapté quand le semis se fait sans travail du sol (voir l’encadré à la fin de l’article). Pour les couverts longs, destinés à être récoltés pour les animaux, le travail du sol est préconisé pour assurer une levée homogène des végétaux. »

 

Le semis avant récolte étant réalisé sans travail du sol, il est préférable de semer des petites graines (ici, mélange phacélie-radis). © I. Lejas
Le semis avant récolte étant réalisé sans travail du sol, il est préférable de semer des petites graines (ici, mélange phacélie-radis). © I. Lejas

En Ille-et-Vilaine, la Cuma Innov’35 a prévu d’acheter une machine mais elle va demander une adaptation du matériel pour changer le principe de distribution. L’idée est de partir sur une seule trémie centrale pour un mélange plus homogène et une distribution pneumatique. En la mettant au milieu, cela évitera d’avoir le poids des graines en bout de rang. Les rampes seront plus faciles à replier et elles seront plus stables sur la route et dans la parcelle.

Isabelle Lejas