«Je pense être arrivé à un bon équilibre. Même s’il faut constamment se remettre en question et que Dame Nature nous rappelle à l’ordre… Mais j’ai moins d’intrants, moins de charges, un capital sol préservé ». Préparation du sol réduite, introduction de nouvelles cultures, allongement des rotations, Francis Peporté a trouvé la stratégie qui lui convient. Cet agriculteur est à la tête d’une exploitation de 148 ha dont 132 ha de Scop, à Preutin-Higny, dans le nord de la Meurthe-et-Moselle. Il y a deux ans, il a arrêté la production de viande car il s’estime davantage céréalier dans l’âme qu’éleveur. Mais ses premiers changements de pratique datent d’il y a une vingtaine d’années. Les objectifs étaient alors de simplifier le travail du sol, d’être autonome pour son parc matériel.
Et aussi d’avoir des outils simples, d’entretien facile. « J’ai arrêté le labour en 1995, souligne-t-il. Je me suis rendu compte que moins on travaille le sol, plus les résultats s’améliorent. L’humidité du sol est davantage préservée et les implantations sont meilleures. Surtout en année sèche. Il y a aussi moins de problèmes de limaces. Aujourd’hui, je ne me dis pas en « non-labour », mais plutôt en techniques culturales simplifiées. » La préparation des semis est faite avec un déchaumeur double disque, ainsi qu’un Allrounder (marque Köckerling), acheté en 2012. Sa particularité est de posséder des pattes d’oie à la place des dents. « Il réalise ainsi un travail très superficiel, souligne Francis Peporté, mais il possède aussi un effet antilimaces. »
L’agriculteur a aussi diminué les intrants, pas uniquement pour des raisons de coût : « J’utilise très peu de fongicides, pas d’antilimaces, et plus aucun insecticide, souligne-t-il. Mon objectif est de préserver les prédateurs, ce qui fait partie aussi de la stratégie anti-limaces. »
Des îlots de cultures
D’un système classique en Lorraine, colza – blé – orge hiver – orge printemps, il est passé depuis plusieurs années à des rotations sur six ans : colza – blé – orge printemps – une seconde tête de rotation (tournesol, lin ou autre) – blé – orge d’hiver. Ces rotations sont raisonnées par îlots de cultures de 22 ha environ chacun, pour en simplifier la mise en œuvre. Pour allonger les rotations, plusieurs cultures ont été introduites : pois de printemps, tournesol, féverole, lin, luzerne, sarrasin, avoine, lentilles. Le lin est implanté depuis quatre ans. « Je n’en ai pas semé l’an passé car ça ne collait pas dans la rotation, souligne Francis Peporté. C’est une plante qui aime l’eau. Donc cette année, à voir comment elle va se comporter… »
L’agriculteur maîtrise d’éventuels problèmes de désherbage, comme du brome une année, avec des rotations adaptées et les Cipan. Concernant le matériel, il ne travaille pas avec un véritable semoir pour semis direct, qu’il estime beaucoup trop onéreux, mais un Väderstad de trois mètres.