« Aujourd’hui, n’importe qui peut acheter un bateau du soja OGM et glyphosaté, provenant du Brésil, mais le libre-échange entre un céréalier et un éleveur, tous les deux français, est interdit. C’est un comble ! », lance Nicolas Jaquet, président de l’OPG, la branche des grandes cultures de la Coordination rurale (CR).
Le syndicat entend dénoncer l’interdiction de vendre des céréales en direct, et « exige l’abrogation des textes qui encadrent cette brimade », autrement dit la suppression de l’obligation de passer par un organisme stockeur agréé.
« C’est paradoxal d’avoir une organisation administrative énorme des marchés du grain pour aboutir à des prix de vente inférieurs au marché. Les agriculteurs doivent reprendre en main la commercialisation de leurs céréales », ajoute Nicolas Jaquet.
Améliorer le revenu
Pour la Coordination rurale, cette réglementation strictement française pèse sur le revenu des agriculteurs. La vente directe de céréales pourrait apporter une bouffée d’oxygène aux agriculteurs, dans un marché en berne depuis plusieurs années.
À Quiers-sur-Bezonde (Loiret), Marc Hautefeuille, céréalier à Neuville-sur-Essonne, a livré symboliquement à son collègue, François Potteau, éleveur, près de 6 tonnes de blé. « Je lui ai vendu à 135 €/t base juillet. Avec un organisme stockeur, j’aurai perdu entre 8 et 10 €/t. Multiplier par quelques milliers de tonnes, c’est impactant », explique Marc Hautefeuille, qui exploite 137 ha (blé, orge, colza, betterave).
La libre commercialisation des céréales pourrait également jouer sur la trésorerie des éleveurs. Une économie qui, selon la CR, pourrait se chiffrer à près de 15 000 euros par an pour un élevage moyen de 150 truies naisseur-engraisseur.
Pas de « fraude fiscale »
Après cette opération, l’OPG reversera 9,56 € (soit 1,59 €/t) de taxe à l’État et de CVO aux organismes des filières (Intercéréales et le Gnis). « On ne fraude pas le Fisc ! Et cela montre que le montant total de cette parafiscalité est largement inférieur à la marge du collecteur », ajoute le président de l’OPG.
S’il est interdit de vendre du blé en direct, il est possible de vendre en direct des céréales non recensées dans la réglementation, comme du sarrasin, du quinoa ou des mélanges de blé et de pois.