Les années se suivent et commencent à se ressembler pour les concessionnaires de matériels agricoles. Lors de sa conférence de presse semestrielle, qui s’est tenue ce 11 décembre 2025, le Sedima (syndicat des distributeurs de matériels agricoles) a fait le point sur une situation économique qui se dégrade dans les concessions. Pour Sylvie Domenech, secrétaire général adjointe et responsable du pôle économique du Sedima, « les ventes de matériel sont atones sur les neuf premiers mois de 2025 mais les disparités sont importantes. En tracteur par exemple, les immatriculations de neuf sont en baisse de 13 à 14 % en grandes cultures alors que la chute est plus modérée en élevage (–2 à –3 %) ». La récession concerne aussi le matériel d’accompagnement, dont les ventes ont diminué de 6 à 9 % au cours des trois derniers trimestres en neuf. En revanche, elles ont légèrement progressé pour le matériel d’occasion.
Fin de l’embellie en élevage
L’embellie vient du matériel d’élevage avec une hausse de chiffre d’affaires de 5 à 7 %. Ce marché est notamment tiré par le robot de traite, dont les ventes sont en progression alors que le roto stagne et que les installations de traite conventionnelles sont en baisse. Toutefois, Stéphane Leblond, le président du Sedima, tempère ces chiffres encourageants : « Depuis deux, trois mois, nos adhérents constatent un ralentissement des investissements lié aux incertitudes avec toutes les épizooties, notamment la DNC et la FCO. Le seul secteur qui semble profiter de la situation sanitaire actuelle est celui du matériel de contention, qui enregistre une progression des ventes. »
Moins de casses de matériel
Sans surprise quand le renouvellement du matériel se fait attendre, les chiffres d’affaires du magasin de pièces (+ 3 à 4 %) et de l’atelier (+ 5 à 6 %) sont en hausse. « Nous avons toutefois constaté une baisse d’activité de l’atelier cet automne, par rapport aux années précédentes, constate Stéphane Leblond. Nous attribuons cette situation aux très bonnes conditions climatiques en septembre et octobre. Les agriculteurs et les entrepreneurs n’ont pas eu besoin de solliciter anormalement leurs machines et il n’y a pas eu de pannes ou de casses majeures. Depuis la deuxième quinzaine de novembre, nous sommes repartis sur une période de maintenance de morte-saison, à un niveau normal. »
Trop de stocks
Interrogés sur leurs principales préoccupations dans le cadre de l’enquête de conjoncture du Sedima, les adhérents ont classé la baisse des commandes et l’état de stocks de matériels neufs et d’occasion en tête. La situation ne devrait pas s’arranger à court terme puisque 88 % des distributeurs envisagent une nouvelle baisse des ventes en grandes cultures. Un peu moins de la moitié des concessionnaires estiment que le début de l’année 2026 sera pire que celui de 2025 en polyculture-élevage. Seuls les matériels de stabulation devraient s’en tirer un peu mieux, avec un niveau de commerce stable. Dans ces conditions, 42 % des entreprises ont un niveau de stock de matériel neuf supérieur à la normale en octobre 2025. Plus de la moitié (57 %), estiment que leur parc d’occasion est anormalement rempli. « Le matériel qui arrive sur le marché de l’occasion est plus puissant et donc plus cher, ce qui n’arrange pas la situation des stocks », précise Etienne Webre, le délégué général du Sedima.
Trop d’en-cours
Dans ces conditions, 50 % des concessionnaires constatent une dégradation de leur trésorerie depuis le début de l’année. Et à la charge des stocks, s’ajoute celle des crédits clients. Plus de la moitié des distributeurs ont ainsi noté une dégradation de leurs en-cours, un chiffre qui atteint même 63 % en grandes cultures. « On a l’impression qu’on fait les banquiers pour nos clients, constate Stéphane Leblond. Nous sommes aussi confrontés à un nouveau phénomène. Nous avons désormais des dossiers de financement qui sont refusés par les banques. Environ 21 % de nos adhérents font ce constat alors que c’était très rare auparavant. Les exploitations sont trop endettées et les organismes de financement ne les suivent plus. »