Le Groupe Charlois, premier producteur français de bois de chêne, a annoncé le 16 avril 2019, qu’il fera un don en nature pour la reconstruction de la charpente incendiée de Notre-Dame. Son dirigeant se dit « inquiet des disponibilités de bois » pour reconstruire la cathédrale. « Au-delà du don, je m’inquiète des disponibilités de bois qui permettront de refaire cette charpente », a expliqué Sylvain Charlois, jugeant qu’il « n’y a pas en France des stocks de bois déjà sciés disponibles pour un tel chantier ».
À la recherche de 1 300 chênes
Selon lui, il a fallu 1 300 chênes pour construire la charpente il y a huit siècles, ce qui équivaut à « au moins 3 000 mètres cubes de bois. Pour constituer un stock de grumes de chêne de cette qualité, en quantité suffisante, il va falloir plusieurs années. Ma famille travaille dans la forêt de chêne depuis deux siècles. En regardant les images en pleurant hier, on s’est tous sentis concernés. »
Pour apporter sa contribution face à cette catastrophe « qui touche le pays au plus profond de lui-même, Groupama [a annoncé offrir] les 1 300 chênes centenaires nécessaires à la reconstruction de la charpente de Notre-Dame de Paris. Pour respecter le travail des Compagnons de l’époque, ces chênes seront prélevés dans ses forêts normandes. »
Appelant « toutes les bonnes volontés » de la filière à l’aider pour constituer ce stock, Sylvain Charlois a proposé d’être « le réceptacle » pour stocker l’impressionnante quantité de bois nécessaire, notamment sur son site historique de Murlin, dans la Nièvre, aussi siège du groupe.
« Il faut dès maintenant mettre des grumes de côté. C’est ce que nous avons commencé à faire ce matin sur nos sites. »
Les initiatives se multiplient
D’autres initiatives ont fleuri dans cette région très boisée : le président de l’Union régionale des communes forestières de Bourgogne-Franche-Comté, Jacky Favret, a demandé aux 3 000 communes forestières du secteur de « jouer la solidarité » en « donnant un chêne […] pour Notre-Dame de Paris ».
Certains maires de la région s’étaient déjà portés volontaires avant cet appel, a précisé Jean Philippe Gimenez, maire de la commune de Faymont, dans la Haute-Saône, qui a annoncé sur Facebook pendant l’incendie qu’il offrait un chêne du massif forestier communal pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris
Hasard du calendrier, l’assemblée générale annuelle de France Bois Forêt, association interprofessionnelle qui réunit tous les acteurs de la filière du bois en France, aura lieu mercredi : Jacky Favret y plaidera pour qu’une « coordination nationale » soit mise en place afin de « récolter puis stocker au plus vite » les meilleurs chênes.
L’appel de la fondation Fransyllva
Que chaque propriétaire forestier en France donne un chêne pour la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame à Paris après l’incendie qui l’a ravagée : c’est l’appel lancé mardi aussi par la fondation Fransylva, qui assure la promotion des forêts privées de France.
« La fondation Fransylva mobilise les 3,5 millions de propriétaires privées de forêts en France pour leur demander de donner un chêne pour la reconstruction de Notre-Dame », a indiqué à Jean-Étienne Rime, président de cette fondation abritée par la Fondation du patrimoine.
« La filière française du bois va s’organiser pour fournir du chêne français, et va participer y compris financièrement à la reconstruction de la cathédrale », a précisé Michel Druilhe, président de l’interprofession France Bois Forêt qui réunit les forestiers privés, l’Office national des forêts, les communes forestières, toutes les scieries et entreprises du bois.
Un travail pour les générations futures
« 3,5 millions (de propriétaires) c’est colossal ! a estimé Michel Rime. Il y a beaucoup de petites propriétés, […] nous mobilisons tous ces gens-là. » Les dons peuvent également être faits sous forme d’argent, a-t-il ajouté, en insistant sur le souhait de la fondation que « la charpente de Notre-Dame soit reconstruite avec du chêne français ».
« Comme nous sommes dans une logique de pérennité, parallèlement, ils doivent s’engager à planter un chêne », insiste Michel Rime en expliquant que « la forêt est le seul univers où on travaille pour les générations futures. C’est le parallèle avec Notre-Dame : l’homme qui a posé la première pierre de la cathédrale savait qu’il ne verrait pas celle-ci construite ; c’est une tradition vivante. »
Michel Rime estime que pour rebâtir cette charpente il faut « des chênes anciens, plantés au XIXe siècle », de 150 à 200 ans et de 2 mètres à 2,50 mètres de diamètre. « La quantité ne sera pas colossale et nous avons largement ce qu’il faut. »