En populiculture, le choix du terrain est un critère majeur qui conditionne la rentabilité de l’opération. « Les sols profonds et riches chimiquement, bien alimentés en eau, de fond de vallée et de bordure de rivière sont propices à la culture du peuplier », déclare Bruno Jacquet, technicien CRPF (1), dans l’Indre.

Selon qu’il s’agit d’une première plantation ou d’un reboisement, la préparation diffère quelque peu. Dans le premier cas, un labour de l’ancienne prairie, suivi d’un travail superficiel, suffit à éliminer les tassements résiduels. Dans le second, après avoir broyé les rémanents, une remise en état plus ou moins profonde est nécessaire. Les trous de plantation sont réalisés à la tarière, et jamais à la barre à mine qui lisse les parois. Leur profondeur (0,8 à 1 m) doit être suffisante pour descendre le pied du plançon au niveau de la nappe d’eau estivale.

Des cultivars pour chaque station

Les cultivars qui retiennent l’attention possèdent plusieurs caractères essentiels, dont le premier d’entre eux est l’adaptation au potentiel du sol. « Les italiens comme Diva ou Tucano sont parfaitement adaptés pour les sols riches, avec une nappe estivale comprise entre 50 cm et 1 m de profondeur, assure Bruno Jacquet. En revanche, en terrain plus difficile, par exemple sur une nappe plus profonde, Koster s’en sortira mieux. Mais avant d’arrêter son choix, le plus raisonnable est de faire venir un technicien sur place qui établit un diagnostic précis de la station. »

Autres propriétés essentielles, la résistance à certains pathogènes (chancre bactérien) ou aux ravageurs (puceron lanigère), celle au vent, la rapidité de croissance, la qualité de bois, l’aptitude à faire des peupliers rectilignes ou encore la facilité de conduite (taille et élagage) sont autant d’atouts à prendre en considération.

S’il est un domaine où la recherche d’économie peut coûter cher, c’est celui de la qualité des plants. Les plançons doivent avoir deux ans, sont élagués, équilibrés, sans taches parasitaires ni trous d’insectes, avec des bourgeons en bon état. « Comme un peuplier exige 50 m3 de terre prospectable, la distance de plantation varie selon la qualité de la station entre 7 × 7 m et 8 × 8 m, soit de 204 plants/ha à 156 plants/ha, explique Bruno Jacquet. Attention à bien enfoncer le plançon entre 1 m et 1,2 m, et à tasser la terre au pied. Il est fortement recommandé de laisser au moins 6 m en bordure de rivière de façon à préserver la ripisylve qui tient les berges. »

Aussi, afin d’éviter les phénomènes de phototropisme (arbres penchés), mieux vaut planter à un minimum de 8 m d’une ancienne peupleraie voisine.

Enfin, « Face aux agressions du grand gibier et/ou des rongeurs, les protections sont devenues incontournables, avertit Bruno Jacquet. Enlevé au bout de cinq à six ans pour les cervidés, le grillage métallique impératif vis-à-vis des castors, au moins sur les rangs en bord de rivière, restera en place toute la vie du peuplier. »

Vincent Thècle

(1) Centre régional de la propriété forestière.