Pour produire ses pommes – dont les variétés « signature » sont les reinettes grises du Canada et les belles de Boskoop – et ses poires, Alexandre Prot a mis en place plusieurs dispositifs pour limiter l’impact de l’homme et favoriser la biodiversité dans ses 65 hectares de vergers de Sennevières (120 000 arbres), à Chèvreville, dans l’Oise.
Les ruches, disposées à l’entrée du verger et dans les rangs de pommiers, abritent les abeilles, que le pomiculteur qualifie de « sentinelles de la pollinisation ». Elles produisent une demi-tonne de miel à l’année. Les autres insectes auxiliaires comme les typhlodromes, qui se nourrissent des araignées rouges, les syrphes, les Aphelinus mali ou les carabes trouvent le gîte et le couvert dans les bandes fleuries (quinze variétés sauvages de fleurs mellifères avec des floraisons étalées), les allées enherbées et les haies (plusieurs essences de différentes tailles, comme le noisetier, le sureau, l’arbre de Judée, le laurier).
La nature s’autogère
Les mésanges, qui se nourrissent des chenilles de carpocapse, trouvent refuge dans des nichoirs. Les rapaces traquent les rongeurs depuis un perchoir installé dans le verger. « Il y a trois ans, nous avons dû arracher 7 hectares de gala à cause des dégâts occasionnés par les campagnols. Avec un mulot par 3 à 4 m2, la population est considérée normale. Au-delà, on parle d’infestation », souligne-t-il. Les renards sont aussi des alliés, puisqu’ils sont capables de consommer 3 000 à 4 000 rongeurs par an.
Pour lutter contre le papillon du vers de la pomme, Alexandre utilise la confusion sexuelle, grâce à des languettes de biocontrôle en plastique biodégradable, imbibées de phéromones et accrochées aux branches. Il traite aussi à l’aide d’huiles essentielles contre les champignons et pucerons. Le risque de la tavelure, dont le développement est très dépendant de l’hygrométrie et de la température, est prévu grâce aux stations météo disposées dans les rangs et reliées à l’OAD RIMpro, installé sur le mobile du pomiculteur. L’objectif est que « la nature s’autogère et fasse son boulot toute seule ».
L’agriculteur, qui cultive également 300 ha de grandes cultures, a obtenu le label « Vergers écoresponsables », délivré par l’ANPP (1) et certifié par le ministère de l’Agriculture depuis 2013 (lire l’encadré). Si les pommes ne sont pas certifiées bio, les poires conférence, plantées cette année, le seront « après les deux années de formation des arbres et les trois ans de conversion. Nous projetons d’y semer des bandes fleuries dans le rang », conclut Alexandre Prot.
Isabelle Lartigot
(1) Association nationale pommes poires.