Le Plan d’action de sortie du phosmet, lancé en 2022, illustre la capacité des acteurs agricoles à faire face à une impasse technique. En effet, cette substance active était la dernière solution chimique disponible pour protéger les colzas des attaques de grosses altises dans les zones où les insecticides pyréthrinoïdes s’avèrent inefficaces. La problématique s’étend à d’autres ravageurs tels que les méligèthes et le charançon du bourgeon terminal. Aussi, la recherche a trois ans pour trouver des solutions. Finalement, un délai qui s’avère relativement court. «Notre objectif premier est bien didentifier et daccélérer le déploiement de solutions alternatives, partage Laurine Brillault, animatrice du Plan d’action de sortie du phosmet et chargée de projets au sein de Terres Inovia. L’enjeu consiste à faire travailler ensemble les 25 partenaires impliqués dans les projets de recherche. Près d’une centaine d’acteurs régionaux expérimentent aux champs les solutions les plus prometteuses. Nous agissons simultanément sur deux volets: la recherche et le développement.»

Le Plan d’action de sortie du phosmet connecte un écosystème de recherche publique et privée

Côté recherche, le Plan d’action de sortie du phosmet finance huit projets complémentaires. Quatre sont dédiés aux biosolutions. Des entreprises de protection des cultures en pilotent trois d’entre eux. Il s’agit de BASF Agro avec Velco-A (champignon entomopathogène), Certis-Belchim avec Nap-Gard (outils technologies associés à un biocontrôle) et De Sangosse avec Colzactise (produit dissuasif). L’Inrae, Terres Inovia et Agriodor mènent Ctrl-Alt. Il concerne l’utilisation de plantes de service et de produits de biocontrôle pour influer sur le comportement des grosses altises.

Toujours en collaboration avec Terres Inovia ainsi que l’entreprise de recherche Innolea, l’Inrae coordonne le projet Resalt. Il fournit des ressources pour la construction de variétés résistantes à l’altise. Dix semenciers obtenteurs s’impliquent : BASF, Bayer, Corteva, DSV, KWS, Lidea, Limagrain, Mas Seeds, NPZ et RAGT. De plus, pour bien outiller ces programmes en grosses altises, des élevages ont été créés ou optimisés. C’est notamment la mission du dispositif Lego.

Le verdict du terrain, autre bras armé du Plan d’action de sortie du phosmet

Nommé Adaptacol², un autre projet est dédié aux tests et au déploiement des solutions sur le terrain. Les produits de biocontrôle et des biostimulants en font partie. Il est le relais de transmission vers le terrain de ces solutions. Aux manettes : Terres Inovia. Parmi les acteurs : le réseau de négociants et coopératives Actura et la coopérative Axereal (28). De fait, ces structures embarquent leurs équipes techniques dans des essais et des actions de communication concertées.

Globalement, six comités fédèrent les 90 acteurs régionaux qui expérimentent les solutions identifiées, seules ou combinées. En 2023, ces acteurs de la distribution, du conseil et de l’enseignement agricole, ainsi que Terres Inovia, ont mené 150 essais. «Cest encore trop tôt pour communiquer sur de nouveaux leviers efficaces, prévient Laurine Brillault. D’ores et déjà, pour 2024, Adaptacol² suspend l’évaluation des biostimulants sur la dynamique de croissance du colza et la nuisibilité des ravageurs d’automne. Les produits testés n’ont pas montré d’effets significatifs en conditions de terrain. Acontrario, dautres se renforcent et tendent à tirer leur épingle du jeu. »

Par ailleurs, une réunion annuelle animée par Terres Inovia sert à partager les résultats à l’échelle globale du Plan. «La dernière sest déroulée fin 2023 avec une trentaine de partenaires, témoigne Laurine Brillault. Ils ont échangé sur les leviers disponibles à court, moyen et long termes.»

Initialement retenus dans l’appel à projets du ministère de l’Agriculture, Velco-A, Nap-Gard et Ctrl-Alt poursuivent leurs travaux en 2024. Pour cette année supplémentaire, le financement provient du Fonds d’actions stratégiques pour les oléagineux et protéagineux(FASO) confié en gestion à Sofiprotéol.

Appel à projets du Plan d’action de sortie du phosmet ouvert chaque année jusqu’en 2025

En effet, la mécanique financière se veut agile. «Tous les ans, nous lançons un appel à projets, ajoute l’animatrice. La filière des oléagineux et protéagineux via Sofiprotéol abonde l’enveloppe de 2,5M du ministère de lAgriculture. Elle mobilise 200M par an à partir du fonds FASO. Ainsi, nous continuons àsoutenir les projets existants, sans nous priver den inclure de nouveaux.» La stratégie ? Se donner toutes les chances pour réussir en peu de temps !

Le Plan d’action de sortie du phosmet test des stratégies alternatives pour contrôler les grosses altises du colza.

Crédit : Terres Inovia

Laurine Brillault, animatrice du Plan d’action de sortie du phosmet et chargée de projets au sein de Terres Inovia : « L’enjeu consiste à faire travailler ensemble les 25 partenaires impliqués dans les projets de recherche ».

Trois projets biocontrôle du Plan d’action de sortie du phosmet portés par des entreprises de protection des cultures

Velco-A par BASF en partenariat avec l’Inrae. Ce projet cherche à déterminer les conditions de croissance et de colonisation d’un champignon entomopathogène pour lutter contre les altises. Différentes expérimentations ont été menées en laboratoires et aux champs. De premiers résultats sont prometteurs sur la réduction des populations d’altises. Aussi, les tests aux champs se poursuivent sur la campagne 2023/2024.

Nap-Gard par Certis Belchim, en partenariat avec Alvie, Hiphen, Advansee, la chambre d’agriculture de Normandie. Un acide gras naturel vise les grosses altises. En complément de l’évaluation du produit, le projet doit optimiser son efficacité avec un positionnement optimum grâce à un ensemble d’outils technologiques. Ainsi, des analyses satellitaires mesurent la biomasse du colza et ciblent les observations de l’agriculteur. Placés dans les parcelles, des pièges connectés déterminent l’arrivée de l’insecte sur la parcelle. D’autres relèvent les conditions météo pour optimiser la période d’application.

Colzactise par De Sangosse, en partenariat avec l’Inrae. Il doit formuler un produit aux propriétés dissuasives. L’objectif ? Détourner les grosses altises du colza. Toutefois, le projet a commencé en avril 2023. L’acquisition de références au laboratoire est en cours, et les premiers tests aux champs s’effectueront en 2025.