Avant de commercialiser un produit de biocontrôle, le terrain aura toujours le dernier mot. Pour un distributeur agricole, il ne s’agit pas de donner un « go » de principe, mais bien un « go » certifié. Certifié signifiant efficace et rentable dans le cadre de conditions d’emploi maîtrisées. En effet, derrière l’inscription à son catalogue, un biocontrôle nécessite aussi un accompagnement par les équipes techniques. Principalement préventif, il s’emploie rarement seul. De plus, les conditions agronomiques et pédologiques de chaque territoire ajoutent de la variabilité dans sa réponse. Le mode d’emploi s’affine en conséquence.

Le réseau Étamines d’Actura acte un déploiement du biocontrôle en grandes cultures

Le réseau expérimental Étamines créé en 2017 par les 140 membres d’Actura illustre parfaitement cette mission d’un nécessaire dernier réglage. En complément de ses propres sites d’expérimentation, Étamines rassemble onze fermes. Elles représentent les principaux bassins de production en France et sept sont en grandes cultures. «Tout ce qui est produits de biocontrôle et biostimulants se révèle un axe stratégique, partage Vincent Benoist, directeur de la communication du groupe Actura. Étamines est l’outil agronomique au service de la stratégie d’innovation du réseau. D’ailleurs, depuis le lancement de notre plan àhorizon2030, nous œuvrons sur le déploiement du concept SDCE. Il signifie solutions de déplafonnement et/ou de contribution environnementale. De fait, il intègre les biostimulants, lebiocontrôle et les anticarentiels.»

Si toutes les productions végétales sont concernées, comment s’opère le déploiement en grandes cultures ? « Nous ne sommes plus dans l’attentisme, mais bien sur une montée en puissance, relève Philippe Camus, chef marché biosolutions et nutrition des plantes chez Actura. Les agriculteurs sont majoritairement demandeurs. Sur des problématiques annuelles, telles que les maladies et les insectes, cela peut même aller encore plus vite. »

Le réseau Étamines travaille l’innovation dans sa dimension combinatoire

Pour accélérer, depuis l’été 2023, les équipes d’Étamines interviennent en deux temps. Les traditionnels essais d’efficacité valident en quelque sorte le droit d’entrée. «Si on veut pérenniser le biocontrôle, il faut assurer un retour sur investissement avec des solutions viables, performantes et simples d’emploicomplète Philippe Camus. Ensuite, les produits intègrent les programmesinnovation et déploiement.» Ces derniers se mènent dans le cadre « d’essais systèmes », actés en 2020. Ainsi, ils combinent les variétés, la protection des plantes, la fertilisation et les biosolutions. «Les produits phytosanitaires fonctionnent vraiment sur le principe On/Off, souligne Philippe Camus. Avec les produits de biocontrôle et les biostimulants, la réponse n’est pas unique. Désormais, nous jouons sur une combinaison de plusieurs solutions. Nos techniciens doivent tous être capables d’expliquer cette nouvelle approche.» À savoir, déplacer le curseur au bon endroit.

Répondre aux impasses techniques

Quant au choix du biocontrôle à tester, il s’aborde sous l’angle d’une problématique. Par exemple, lorsqu’une impasse technique ou un objectif de baisse d’IFT(1) sont identifiés. «Auparavant, l’expérimentation se menait par thématique; désormais, elle répond à un besoin concret», ajoute Vincent Benoist. Après, les équipes consultent la bibliographie et sollicitent l’avis des instituts techniques. «Ensemble, nous identifions une technologie qui pourrait résoudre le problème posé, mentionne Philippe Camus. Avec les fournisseurs concernés, nous mettons en place les essais sur les fermes.Ce qui compte, cest la façon dont nous utilisons le produit sur de grandes parcelles.»

En 2024, le réseau Étamines renforce ses essais de déploiement du biocontrôle

Parmi les enseignements de ces essais : le paramètre « incertitude liée au vivant ». «Nous avons des cas d’échec ou de réussite quon ne sait pas toujours expliquer. Ceci malgré les mêmes conditions dapplication et de terrain», témoigne Philippe Camus. Pour accélérer, le réseau va renforcer son axe «déploiement» avec une approche encore plus régionale, par bassin pédoclimatique et plus globale au niveau des itinéraires. «Le but étant toujours de rassurer nos équipes terrain, rappelle-t-il. En effet, nous observons plus d’attention sur ces questions du biocontrôle dans le cadre de l’approche combinatoire de la protection des cultures ».

 (1) IFT : Indicateur de fréquence de traitement

Philippe Camus, chef de marché biosolutions chez Actura

« La campagne 2024 initie l’utilisation des biosolutions pour tous les segments de cultures. Systématiquement, nous devons être capables d’expliquer les conditions pour obtenir la meilleure efficacité et le retour sur investissement. »


Crédit : Actura

La rentabilité et la simplicité d’emploi des biosolutions se vérifient au préalable dans les  « essais produits ». Ensuite, ces produits rejoignent les « essais innovation et déploiement » dans le cadre de l’approche combinatoire.


Crédit : Actura

Philippe Camus, chef de marché biosolutions chez Actura

« La campagne 2024 initie l’utilisation des biosolutions pour tous les segments de cultures. Systématiquement, nous devons être capables d’expliquer les conditions pour obtenir la meilleure efficacité et le retour sur investissement. »

Exemple d’essais combinatoires avec les produits de biocontrôle en grandes cultures menés par le réseau Étamines

Dans le cadre du Plan d’action de sortie du phosmet Adaptacol2, Actura est partenaire de Terres Inovia pour mener des essais en colza contre les altises et les méligèthes. « Dans ce projet travaillé avec Étamines, nous allions la génétique, les conduites culturales, les produits à disposition, voire le système à l’échelle de l’exploitation, indique Philippe Camus. Nous avons également effectué des essais en blé basés sur des bactéries fixatrices d’azote. Ils combinent cette biosolution et différents itinéraires culturaux. »

est partenaire de Terres Inovia pour mener des essais en colza contre les altises et les méligèthes. « Dans ce projet travaillé avec Étamines, nous allions la génétique, les conduites culturales, les produits à disposition, voire le système à l’échelle de l’exploitation, indique Philippe Camus. Nous avons également effectué des essais en blé basés sur des bactéries fixatrices d’azote. Ils combinent cette biosolution et différents itinéraires culturaux. »