Avec le changement climatique, les insectes foreurs, pyrales et sésamies, sont systématiquement présents dans les rotations avec du maïs. Aussi, la vigilance s’impose, les larves s’attaquant aux tiges et aux épis.
« La stratégie de protection du maïs contre les insectes foreurs se met en place tout au long du cycle de la culture », explique Emmanuel Leduc, responsable marketing opérationnel France chez FMC. En fin d’été, les larves de pyrales et de sésamies migrent vers la base des tiges pour passer l’hiver. Au printemps, les premiers adultes émergent lorsque les températures s’adoucissent. « Le premier levier consiste donc à réduire le plus possible le foyer d’infection, complète-t-il. Alors, cela commence dès la récolte du maïs précédent, conduit ou non en monoculture. »
Le broyage des cannes de maïs, pratiqué au ras du sol, ainsi que l’enfouissement des résidus détruisent significativement les larves. De plus, l’efficacité s’accroît si cette pratique se réalise à l’échelle de la rotation et d’une zone agricole. À noter que la sésamie résiste difficilement à des températures de – 6°C pendant une semaine. Ainsi, les hivers froids peuvent réguler les populations. En revanche, les larves de pyrales survivent à des températures de – 25°C car cette espèce est endémique en Europe.
En cas de forte infestation de pyrales, on enregistre en moyenne des pertes de 5,3 q/ha (1) en maïs grain. La perte est jusqu’à 1,3 t MS/ha (2) en maïs ensilage. (1) Source : FMC – moyenne de 227 situations en 12 ans sur maïs grain. (2) Source FMC – 23 situations de 2015 à 2021 en maïs ensilage.
Repérer les vols de pyrales et sésamies grâce à l’agronomie digitale
Au printemps, la sésamie apparait la première. « Pour repérer sa dynamique de vol ainsi que celle de la pyrale, les Outils d’aide à la décision jouent un rôle clé, indique Patrick Bergougnoux, chef produit insecticides chez FMC. Ils s’emploient en complément des alertes des Bulletins de santé du végétal. L’essentiel réside dans le bon positionnement des solutions de protection afin qu’elles expriment toute leur efficacité. Ainsi, l’OAD Arc™ farm intelligence livre cette information par zone, grâce aux 280 pièges du réseau FMC. Depuis 2015, des cages d’élevage réalisées par FMC permettent le suivi des émergences et des dynamiques des populations. Avec ces informations, l’équipe FMC rédige un bulletin d’information régional hebdomadaire sur la situation foreurs, en saison.»
Retrouvez le témoignage d’Emmanuel Sagot, agriculteur près de Fontenay-le-Comte en Vendée
Biocontrôle, protection insecticide, auxiliaires pour contrôler les insectes foreurs
Après avoir estimé la période de vol de ces lépidoptères ravageurs, la stratégie de protection intégrée est privilégiée en 2024. Plusieurs solutions combinatoires existent, dont le biocontrôle.
Biocontrôle
- Bacillus thuringiensis. Cette bactérie contamine les larves de pyrales, sésamies et aussi d’héliothis lorsqu’elles sont au stade « baladeur ». La toxine produite par ces micro-organismes interfère avec le système digestif de la larve après ingestion, provoquant une septicémie.
- Lâcher de trichogrammes. Uniquement efficace sur pyrales, cette technique a été mise au point dans les années 1980. Les œufs de ces micro-hyménoptères parasitoïdes sont contenus dans des capsules ou des plaquettes. Ils éclosent en 7 vagues successives pour couvrir une génération de pyrales. Les plaquettes s’accrochent sur des tuteurs où des feuilles. Les capsules se positionnent manuellement dans la parcelle ou par drone. Cette méthode de lutte biologique dite « inondative » couvre aujourd’hui plus de 70 000 hectares de maïs.
Phytopharmacie
Avec le durcissement de la réglementation sur les mycotoxines en 2024, il est impératif de limiter les attaques de pyrales et sésamies sur les épis. Aussi, dans les zones présentant un risque foreurs élevé, le recours à un insecticide peut s’avérer nécessaire. Il s’applique sur la première génération (G1) pour bloquer la dynamique de l’insecte ou sur la génération suivante (G2) qui impacte les épis. De plus, on peut compléter la protection avec des solutions de biocontrôle. « Dans la construction d’une stratégie de protection insecticide, le rôle des insectes auxiliaires essentiel et est à prendre en compte dans les choix des insecticides », ajoute Patrick Bergougnoux. Bien entendu, les traitements s’effectuent en dehors de l’activité des pollinisateurs dans le cadre de l’arrêté abeilles.
De plus, les attaques de larves sur épis ouvrent la porte aux spores des fusariums qui augmentent le risque de développement de mycotoxines DON et ZEA. Une intervention insecticide peut être nécessaire dès le début de la formation de l’épis pour limiter leur développement.
Familles insecticides :
- Pyréthrinoïdes : Les lambda-cyhalothrine, perméthrine, deltaméthrine et cyperméthrine, insecticides neurotoxiques, possèdent un mode d’action larvicide. Des populations de pyrales résistantes aux pyréthrinoïdes ont été détectées dans le centre de la France.
- Diamides : La chlorantraniliprole est un insecticide myobloquant. Il cumule un mode d’action ovicide, ovo-larvide et larvicide. Cette substance active est sélective des auxiliaires des cultures dont les trichogrammes. Le produit se positionne à 30 % du vol des pyrales ou sésamies, c’est-à-dire au tout début des pontes.
- Spinosines : Le spinosad est une substance issue de la fermentation de bactéries du sol produisant les spinosines A et Ad. Ces toxines agissent sur le système nerveux des larves de pyrales et de sésamies. Par ailleurs, cet insecticide est utilisable en agriculture biologique.
Protéger le maïs contre les insectes foreurs en 2030
- Méthodes insectifuges en cours d’études à l’aide de kairomones qui attirent ou repoussent les insectes.
- Confusion sexuelle à l’aide de phéromones qui perturbent l’accouplement des papillons
- Ravageurs auxiliaires tel que Cotesia Thypae avec un effet sur la sésamie. L’université Paris-Saclay, avec Arvalis, Bioline AgroSciences…, pilotent ce projet (Cotebio).
- Solutions de biocontrôle et insecticides pour contrôler les fortes pressions.