Même s’ils en font rêver plus d’un, tout le monde n’a pas les moyens, l’envie, et la nécessité d’investir dans les tracteurs les plus high-tech du marché.

À tous ceux qui recherchent la simplicité et l’efficacité avant tout, cet essai est pour vous. Nous prenons la direction de la Champagne pour un test aux allures de comparatif. C’est cet été que nous avons pris le volant, pendant une semaine, du 6195 M, le plus gros modèle de la série 6M, fort de ses 195 chevaux avec son 6,8 l Tier4F. Pour donner un peu plus de relief à cet essai, le 6M va affronter l’un de ses plus illustres prédécesseurs : le John Deere 7810. Avec ce tracteur, c’est à un best-seller… Que dis-je… Un mythe du constructeur américain que notre 6M va se frotter.

Ça tombe bien ! L’agriculteur qui nous accueille possède un 7810 acheté neuf en 1999, qui avoisine les 10 000 h. La série 7010 a été présentée en 1997, c’est donc une vingtaine d’années qui séparent nos deux protagonistes.

De loin, le 6195 M nous intrigue. C’est un peu un hybride qui hérite du capot au design réussi des 6R (l’empattement est identique à un 6195 R) mais d’une cabine de la série 6030.

En cabine

Il est équipé d’une cabine à 6 montants qui reçoit 2 portes. On compte 5 marches pour arriver au plancher, contre 4 sur le 7810. Ce dernier arbore, quant à lui, un design taillé à la serpe et rectiligne, qui n’a pas si mal vieillit. Pour les deux tracteurs, l’accès reste bon.

Prenons place au volant du 6195 M. L’ergonomie est en grande partie inspirée des séries 6010 et 6020. On retrouve ce qui a contribué à la réputation de ces séries, avec des commandes bien pensées, comme celles du relevage arrière. Toutes les fonctions sont regroupées sur la console de droite. La simplicité est de rigueur, et il n’y a pas de fioritures. D’ailleurs, John Deere n’a pas pris la peine de disposer des rangements dans l’habitacle.

Pour les commandes, ça change du 6215 R AutoPower que nous avions testé l’année dernière (lire La France agricole n° 3638 du 8 avril, p. 38). Mais c’était le cahier des charges du constructeur : un tracteur simple pour ravir au mieux des personnes à la recherche de simplicité et d’une certaine rapidité de prise en main. C’est chose faite avec ce tracteur.

Une même base pour la boîte

Pour la transmission, John Deere nous a équipés de l’AutoQuad Plus. Le 6M est également disponible avec la PowrQuad Plus et l’Autocommand Plus. Celle-ci est une boîte semi-powershift avec 20 rapports avant et arrière. Elle possède 5 gammes et 4 rapports sous charge. Nous pouvons automatiser ces derniers. C’est, d’ailleurs, l’une des différences avec la bonne vieille PowrQuad qui équipe notre 7810 (pour mémoire, les premières versions de 7010 pouvaient également être équipées d’une transmission full-powershift 19 X 7).

L’automatisation du passage des rapports sous charge est activée avec un bouton. Un potentiomètre gère l’agressivité de l’automatisme Eco (passage des rapports à 1 650 tr/min) à Power (passage des rapports à 2 050 tr/min). En automatique, il est aussi possible de réduire le nombre de rapport sous charge à 3 ou 2.

Nous notons deux autres différences avec la transmission du 7810. Sur notre 6M, nous pouvons passer les gammes en débrayant avec un bouton sur le levier. Il n’est donc pas nécessaire de débrayer au pied. De plus, les rapports sous charge se passent plus facilement, avec deux boutons sur le levier de vitesse. Pour les deux tracteurs, le passage des vitesses reste viril. En totalité, nous comptons 9 rapports entre 4 et 14 km/h à un régime de 1 500 tr/min.

Notre hôte nous a laissé une parcelle de 50 ha de colza à déchaumer. Avant d’atteler le déchaumeur, nous réalisons également un peu de broyage. Pour la prise de force, le choix des régimes est mécanique et l’engagement électrique pour les deux tracteurs. Sur notre 6M, comme sur le 7810, nous ne pouvons pas mémoriser de régime moteur. Cependant, sur le 6M, il est possible de régler une butée haute pour le régime moteur. Il permet de limiter le régime moteur jusqu’à environ 1 050 tr/min.

Peu de différences au travail

Pour occuper nos tracteurs, nous passons maintenant au déchaumeur, nous avons requis les services d’un déchaumeur à disques indépendants Bednar SwifterDisc, de 6 m. Avec les manœuvres d’attelage, c’est l’occasion d’apprécier les manettes de décompression pour les prises hydrauliques, et le positionnement des prises (elles sont toutes du même côté) sur notre 7810. Deux choses qui ne sont malheureusement pas présentes sur le 6195 M. Par contre, le 7810 ne possède que 3 distributeurs, contre 4 sur le 6195 M.

Au travail, les deux tracteurs s’en sortent aisément. Il faut préciser que la parcelle est en terre crayeuse, typique du terroir de la Champagne, et donc facile à travailler. Nous travaillons en moyenne entre 12 et 13 km/h, et nous observons peu de différence entre les deux tracteurs. Nous poussons ensuite un peu plus nos tracteurs, et dans la petite montée du champ, le 6M arrive à tirer le déchaumeur à 2 km/h de plus de que le 7810. Précisons, tout de même, que le 6M possède une puissance maximale supérieure de 19 ch par rapport à son challenger. Nous sommes, cependant, impressionnés par le couple du 7810 qui, même avec un régime bas, repart presque tout le temps. Son moteur fait 1,3 l de plus que celui du 6M.

Restons encore sur le moteur. L’entretien et l’accès à ce dernier sont bien meilleurs sur notre modèle contemporain. Le capot monobloc y est pour beaucoup. En face, le 7810 doit se contenter d’un capot en métal composé de plusieurs parties. En effet, les capots monoblocs ne sont arrivés qu’à partir des séries 20.

Ainsi, après une semaine passée dans les deux tracteurs, et même si le ronronnement du 8,1 l est agréable sur le 7810, l’insonorisation du 6M est appréciable. Le confort général est également meilleur.

Le 6 M plus confortable

Avec un gabarit presque équivalent, et une puissance légèrement supérieure au 7810, les adeptes des séries 10 et 20 du constructeur John Deere trouveront aisément leur bonheur dans ce tracteur. Même si on peut regretter quelques détails d’ergonomie, sa simplicité et son confort ont su nous séduire. L’histoire ne dit pas si, dans vingt ans, John Deere présentera l’héritier du 6195 M.