Un conflit de voisinage vieux de dix ans se termine par une décision du tribunal de Limoges condamnant l’éleveur cantalien à verser 8 000 euros au couple de voisins retraités plaignants. Un coup dur pour le jeune éleveur de bovins et de lapins, associé avec sa mère sur 16 ha depuis 2002.
Une étable en plein village
Un bâtiment situé dans le village attise les griefs du couple de citadins venus s’installer sur la commune à la retraite. Dès 2008, les retraités se plaignent de balles d’enrubannage « qui sentent mauvais et leur gâchent la vue ». Le nouvel emplacement plus éloigné des cinquante ballots ne convient pas davantage l’année suivante.
Les retraités envoient alors un huissier. Un médiateur de la République décide d’un nouvel emplacement. Nicolas respecte l’accord. Mais en 2011, c’est une plainte pour « trouble anormal de voisinage » que le couple dépose au tribunal. Un expert judiciaire vient inspecter les installations déclarées aux normes.
Un premier non-lieu
Un non-lieu est rendu en 2013. Les retraités font appel de la décision en 2015. L’arrêt du 9 novembre 2017 interdit l’utilisation de l’étable située à moins de 50 m de la maison des voisins sous peine d’une amende de 1 000 € par visite d’huissier et 100 € par jour après le constat d’huissier.
Nicolas Bardy se pourvoit en cassation et obtient gain de cause en octobre 2018. Les retraités font appel et le tribunal de Limoges condamne au final Nicolas « sur un trouble anormal de voisinage lié à l’odeur de bottes d’enrubannage » cautionné par un seul constat d’huissier en date de 2011. Aux 8 000 € à verser aux voisins s’ajouteront des frais de justice.
Un nouveau bâtiment d’élevage
Depuis un an et demi, Nicolas s’est lancé dans la construction d’un bâtiment neuf à la sortie du village. Ce dernier, constitué de deux tunnels abriteront tous ses bovins, 20 vaches salers et leur suite, à compter du 1er décembre prochain. Le bâtiment situé dans le village sera consacré au stockage des fourrages.
« J’aime mon métier et je vais continuer à l’exercer dans ce village où ont travaillé avant moi, mes parents et mes grands-parents. Avec 20 vaches et la conjoncture actuelle, je me serai passé d’investir 130 000 euros dans un bâtiment neuf. Mais, positivons ! Mes vaches et moi y seront bien ! » souligne Nicolas qui revendique le droit de travailler en paix.
Des voisins en soutien
Le soutien apporté par ses autres voisins, sa famille, ses amis et la profession agricole lui a été précieux durant les dix ans écoulés. Une pétition en ligne, une cagnotte Leetchi, une page Facebook témoignent de l’efficacité de son comité de soutien.
« Avec du recul, je pense que nous, agriculteurs, devons défendre fermement notre droit à exercer notre métier. Trop de compromis conduisent à des situations impossibles et des procédures interminables », précise Nicolas Bardy.
Folie procédurière ou désœuvrement pathologique de plaignants que l’on en viendrait presque à plaindre ? Face à la multiplication de plaintes récemment déposées contre les coqs, les vaches, les cloches, les grenouilles, les canards….les éleveurs et les vrais ruraux doivent se préparer à assumer avec fermeté leur rôle de « dernier rempart du bon sens » dans les campagnes françaises.
> Voir aussi :« On ne rebouchera pas la mare » (11/07/2019)