Gants, surblouses et visières par millions, bouteilles et emballages par tonnes, écrans de plexiglas dans les boutiques et les taxis par kilomètres : la crise a marqué le grand retour du plastique. Celui de la pire espèce, le matériau éphémère à usage unique. Même les masques professionnels contiennent des microfibres de plastique. Le but étant de se protéger de la contamination du virus.

Avant d’être le matériau sauveur, il était devenu le matériau tueur. Quelques images chocs comme celle de la tortue gobant un sac ou celle du pélican avec une bouteille coincée dans le gosier ont suffi à prendre conscience du péril plastique, le huitième continent. Le constat est implacable. La mer est une gigantesque décharge.

Mais on confond tout : le matériau, dérivé du pétrole, et le déchet jeté à terre qui arrive tôt ou tard à la mer. Quand il est collecté et incinéré, il n’est gobé par personne et le pétrole transformé redevient carburant. Ce n’est pas le plastique qui est nocif, c’est l’indifférence aux autres qui est en cause.

Je suis d’une génération qui a appris à respecter l’espace public. Jamais je n’ai jeté le moindre papier par terre. Au lieu d’éduquer le citoyen, de collecter les déchets et de sanctionner les salopiots, on a préféré créer un symbole.

Une directive européenne de 2019 prévoit d’interdire, d’ici à 2021, huit produits en plastique à usage unique : couverts, assiettes, pailles, contenants alimentaires, gobelets, touillettes à café, cotons-tiges et tiges pour ballons. Certes, quand c’est possible, l’utilisation d’un produit recyclable – assiettes, couverts… – est plus judicieuse. Mais de là à tout interdire…

La crise sanitaire a remis un peu de bon sens à cette comédie. Il s’agit d’un matériau formidable. Ce qui importe, c’est de bien se comporter. Car bouteilles, canettes, paquets de cigarettes, papiers de bonbons et barquettes continueront à être balancés dans les champs par les passagers des voitures. Même électriques.