ALa-Bruère-sur-Loir, dans le sud de la Sarthe, Charlie Gautier exploite 60 ha de vergers, avec 25 salariés permanents et plus de 100 cueilleurs pendant les deux mois de récolte. Ce chef d’entreprise met un point d’honneur à s’investir tant dans sa société que dans son rôle de vice-président de la FNPF, la branche fruits de la FNSEA.
Lorsqu’en 2013 naît l’association pour la Solidarité des producteurs agricoles et des filières alimentaires (Solaal), Charlie adhère immédiatement au projet. L’objectif est d’éviter le gaspillage et d’offrir des produits frais aux plus démunis. L’association fait le lien entre les agriculteurs et des bénéficiaires habilités (Croix-Rouge, Banque alimentaire, Secours populaire, etc.). Elle centralise les offres de dons et contacte les associations. Leurs antennes locales se chargent ensuite du retrait chez l’agriculteur et du transport.
Exonération fiscale
Chaque don agricole procure une réduction d’impôt de 60 % de son montant. Solaal s’occupe de l’administratif (attestation et calcul de la réduction d’impôt). « C’est simple et efficace, apprécie Charlie. Si j’ai des pommes à donner, je n’ai qu’à téléphoner au bureau de Solaal à Paris qui s’occupe de tout, logistique et justificatif fiscal compris. »
Au démarrage de Solaal en 2013, il donne 100 tonnes de pommes. « Avec la grêle, j’avais beaucoup de produits abîmés, dédaignés par la grande distribution. J’avais le choix de les envoyer pour la transformation à 7 centimes d’euro par kilo ou en faire don. Même avec un défaut, un produit frais est toujours appréciable ! » Un tel volume a permis d’enclencher la dynamique. Depuis, il donne quelques tonnes chaque année.
Pour Charlie, c’est un geste naturel et il ne prétend pas être un héros : « Détruire de la nourriture est profondément choquant, quand on connaît les difficultés de tant de personnes aujourd’hui. Et avec l’exonération fiscale sur le revenu imposable, le don revient à zéro, ce n’est pas une perte sèche. » Autant d’arguments qui devraient, selon lui, encourager d’autres producteurs à faire des dons.
Entraide par le travail
L’arboriculteur a une autre façon d’être solidaire de ses concitoyens. Avec autant de besoins en main-d’œuvre, il côtoie beaucoup de monde. Parfois des gens courageux et volontaires, qui tirent le diable par la queue. Alors quand il peut donner un coup de pouce, avec un contrat de travail ou grâce à ses relations, il n’hésite pas. « Toute entreprise doit prendre sa part dans la solidarité. Ce n’est pas parce qu’on paye des impôts qu’on est dédouané de tout geste de solidarité », souligne-t-il. La réussite de quelques-uns à qui il a tendu la main reste sa récompense. Ces fruits-là aussi sont beaux.