Dans le rythme effréné d’une journée de travail, il est parfois difficile de réserver du temps à l’observation des animaux. Pourtant, quelques minutes suffisent à détecter des anomalies.
Évaluer l’engraissement aux étapes clés
La note d’état corporel (NEC) mesure le niveau d’engraissement de l’animal. L’objectif : apprécier l’adéquation entre l’alimentation distribuée et les performances de production. Elle est échelonnée de 1 (maigre) à 5 (gras). Pour Marc Ennuyer, ancien vétérinaire dans la Somme (1), la Nec doit être réalisée à cinq étapes clés du cycle de production : au vêlage, après le pic de lactation, à la mise à reproduction, 100 jours avant tarissement et au tarissement. « La Nec est un fondamental en élevage laitier, affirme-t-il. C’est le premier critère visuel qui indique si l’alimentation convient ou pas. » Pour l’ancien praticien, l’appréciation de l’engraissement doit être un automatisme.
« Au-delà de la note attribuée, c’est la démarche qui est importante. Il faut se poser les bonnes questions au bon moment. Ma vache est-elle en état au vêlage ? Pendant combien de temps maigrit-elle après la mise bas ? A-t-elle restauré ses réserves corporelles pour le tarissement ? »
Contrôle quotidien
Au quotidien, des marqueurs simples permettent d’alerter l’éleveur et d’anticiper d’éventuels dérapages.
Le remplissage du rumen permet d’évaluer en stabulation la consommation alimentaire et peut faire l’objet d’une notation de 1 (vide) à 5 (plein). Cette note s’obtient en observant la vache debout, avec comme point de repère le creux du flanc du côté gauche. Ce creux fait apparaître un triangle osseux plus ou moins prononcé selon le remplissage du rumen (voir photo ci-dessus). Cette notation est à distinguer de la Nec : un animal maigre peut avoir un rumen rempli, et inversement. « Aucune vache ne devrait être notée 1, signifiant que le rumen est vide, commente Marc Ennuyer. Pendant les quelques semaines suivant le vêlage, la note 2 est acceptée. Au tarissement, cette note doit au minimum être de 4. »
Pour lui, cette évaluation permet de détecter précocement un défaut de prise alimentaire et d’en analyser la cause.
La rumination est directement liée à l’état de remplissage du rumen et à la fibrosité de la ration. Marc Ennuyer donne quelques repères : « La fréquence de mastication normale est d’un coup de mâchoire par seconde. En stabulation, au moins 90 % des vaches couchées doivent ruminer deux heures après la prise alimentaire. Enfin, à tout moment de la journée, 60 à 80 % des vaches doivent manger ou ruminer. »
Les bouses sont un excellent marqueur de l’équilibre de la ration (voir infographie). Elles permettent d’identifier des comportements particuliers comme le tri des aliments à l’auge. Les critères à apprécier sont la consistance (sèche ou molle), la composition (présence de grains ou de fibres), la couleur et l’odeur. Elles donnent parfois des informations essentielles. « Des bouses trop sèches peuvent simplement signifier un problème d’abreuvement ou un excès de fibres dans la ration. À l’inverse, des bouses trop molles alertent sur une ration trop pauvre en matière sèche », indique Marc Ennuyer.
(1) Longtemps membre de la Commission vache laitière au sein de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV).