L’agriculture embauche 67 601 travailleurs détachés en 2017, soit 13 % de l’ensemble des travailleurs détachés. Elle est ainsi le troisième plus gros secteur de l’emploi détaché, derrière l’industrie (27 %) et le bâtiment et travaux publics (24 %), lit-on dans une récente étude sur la précarité en agriculture réalisée par le centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture. Ce chiffre est bien supérieur aux 26 000 salariés comptés en 2016. Certes cette variation résulte aussi d’une clarification statistique (1) mais ce chiffre confirme bien la tendance déjà observée au recours croissant à ce type d’emploi par les agriculteurs français.
Ramenés en équivalent temps plein, ces 67 601 salariés détachés représentent 5 883 emplois.
Les travailleurs détachés sont des salariés employés par une entreprise qui a son siège dans un autre État membre de l’Union européenne et qui viennent travailler en France. Leur rémunération et l’application du droit du travail sont les mêmes que celles de leur pays d’accueil mais les cotisations sociales sont celles de leur pays d’origine. C’est là que réside l’avantage compétitif de ce type d’emploi.
Des missions de plus en plus courtes
Les missions confiées aux travailleurs détachés en agriculture sont courtes : quinze jours en moyenne contre trente jours dans les autres secteurs d’activité. Et cette brièveté se renforce puisque les missions agricoles duraient autour de soixante jours dans les années 2000.
Au fur et à mesure que le dispositif des travailleurs détachés s’est implanté, les agriculteurs l’ont utilisé pour des missions courtes et probablement saisonnières comme les vendanges ou la récolte des fruits.
D’Espagne d’abord
La moitié des travailleurs détachés (hors entreprises d’intérim) employés en agriculture en 2015 est envoyée par des entreprises d’origine espagnole. Pour comparer, cette origine représente 12 % dans les autres secteurs économiques, selon les chiffres du ministère du Travail.
Quatre autres pays européens complètent le tableau pour former 80 % des détachements agricoles à destination de la France : la Roumanie (13 % des déclarations), la Pologne (8 %), la Bulgarie (6 %) et le Portugal (6 %).
Dans les autres secteurs d’activité, les pays d’origine sont plus diversifiés. L’origine de l’entreprise ne détermine en rien la nationalité du travailleur lui-même.
Une réforme à venir
Les députés européens ont approuvé le 29 mai une réforme du secteur du travail détaché qui doit être appliquée par les états membres dans un délai de deux ans. Cette directive prévoit de ramener de 24 à douze mois la durée maximale du détachement et l’alignement de tous les éléments de rémunération entre le pays d’origine et le pays d’accueil.
En 2016, 2,3 millions de travailleurs détachés ont été dénombrés dans l’Union européenne, selon le Parlement européen. La France, la Belgique et l’Allemagne sont les trois principaux pays d’accueil.
(1) Avant 2017, la part des travailleurs détachés en agriculture n’était pas spécifiée dans les déclarations globales des sociétés d’intérim, principales destinataires des détachements.