Le projet de la loi « pour la reconquête de la biodiversité de la nature et des paysages » a été adopté en lecture définitive par l’Assemblée nationale le 20 juillet 2016, après deux années de va-et-vient entre les députés et les sénateurs. L’article 51 quaterdecies interdit « l’utilisation de produits phytopharmaceutiques contenant une ou des substances actives de la famille des néonicotinoïdes et de semences traitées avec ces produits est interdite à compter du 1er septembre 2018 ».

Réalité de l’exploitation pas assez prise en compte

Dans un communiqué paru le 21 juillet, la FNSEA déplore le fait que « la réalité des exploitations n’[ait] pas été suffisamment prise en compte », à l’heure où les agriculteurs subissent « des aléas climatiques et sanitaires, doublés d’aléas économiques ». De son côté, Christian Pèes, président de Coop de France, regrette « des décisions purement politiques éloignées de la vraie vie des agriculteurs et des entreprises». Coop de France estime, dans son communiqué du 21 juillet, que « cette interdiction va conduire les agriculteurs dans une impasse ».

Les solutions alternatives attendues

La possibilité de dérogation « n’est pas la bonne réponse » pour la FNSEA, qui précise que « la recherche de solutions innovantes et efficaces et une impérieuse nécessité ». Les Chambres d’Agriculture, dans un communiqué paru le même jour, appuient ce point en invitant « l’État à mettre l’accent sur la recherche de solutions alternatives efficientes ». L’effort de recherche est aussi plébiscité par Coop de France, pas convaincu, qu’« à court terme […]les solutions apportées [soient] les meilleures » pour les pollinisateurs. L’organisation des coopératives serait cependant plus optimiste à long terme : « le défi sera relevé » indique-t-elle dans son communiqué.

Vigilance d’ici à 2020

La Confédération paysanne, dans un communiqué paru le 21 juillet aussi, salue l’interdiction des néonicotinoïdes, mais déplore « le délai de 2018 et les nombreuses dérogations courant jusqu’en 2020 », précisant qu’avec « la persistance de ces produits dans l’environnement, leurs effets destructeurs vont se poursuivre pendant encore des années ».

Pour France Nature Environnement, « il faut mettre en place sans attendre les techniques alternatives » qui sont « nombreuses et ne demandent qu’à se généraliser », car « les colonies d’abeilles domestiques subissent une mortalité annuelle de 30% ».

Pour la Fondation Nicolas Hulot, l’interdiction est « un grand pas vers la sauvegarde des abeilles », avec un suivi nécessaire pour que « la mesure reste la plus exigeante possible ». Dans leur communiqué paru le 21 juillet, l’Unaf (2) et Agir pour l’environnement, regrettant les « délais trop tardifs » de l’interdiction - qu’ils saluent aussi -, invitent dès maintenant « les élus locaux à [les]raccourcir » à échelle locale.

A.Cas.

(1) Agence nationale de sécurité sanitaire.