En janvier 2015, un hangar a brûlé à Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Et si une entreprise a bien été commanditée pour retirer et mettre en décharge les restes du bâtiment, les déchets ont tous été déposés à environ 45 km de l’incendie, un soir, dans les champs de deux agriculteurs, Stéphane Duval et Joris Lerdu.

À Avernes, dans le Val-d’Oise, c’est la consternation depuis un an et demi. Car en seize mois, « personne n’a réagi, ni la mairie, ni les gendarmes. La situation a même empiré, puisque d’autres en ont profité pour balancer leurs ordures par-dessus, déplore Joris Lerdu. Ma plate-forme, que mes collègues et moi utilisions pour stocker du matériel ou des semences, est désormais envahie par les déchets. »

Même sort pour son voisin, Stéphane Duval, dont une parcelle est endommagée. « C’est nous qui avons trouvé dans les détritus l’adresse du hangar qui avait brûlé. Toutes les preuves sont là. Mais rien n’y fait. Nos champs ne sont pas des poubelles. »

Excédé, le trentenaire réclame de l’aide. « Si rien ne bouge, nous mènerons une action », prévient Denis Sargeret, responsable FDSEA pour la région du Vexin.

Parmi les déchets envahissants : ceux du BTP. « Bien que les mises en décharges aient été facturées, des transporteurs conservent l’argent et se débarrassent des détritus dans le premier champ venu », souligne Patrick Dézobry, président de l’Union des syndicats agricoles du Val-d’Oise.

Les autres départements de la région ne sont pas non plus épargnés. Aux portes de Paris, le phénomène s’amplifie. Dans la plaine de Montesson qui s’étend sur 350 ha dans les Yvelines, à quelques kilomètres du quartier d’affaire de la Défense, une douzaine de maraîchers ont longtemps lutté contre les carcasses de voiture, les meubles, les pneus... « Ici, on décharge et on charge », déplore Robert Français, président du syndicat des maraîchers de Montesson.

Installation de caméras

Exaspérés, agriculteurs, élus locaux, propriétaires fonciers et habitants se sont réunis sous un même étendard en 2012 : l’Association agri-urbaine Plaine d’avenir 78 (1) a pour mission de valoriser et protéger le site. Outre la mise en place de blocs de béton, des caméras ont été installées à l’entrée de certains chemins. Et des journées de nettoyage sont organisées. L’amélioration est évidente. « En réalité, le problème s’est déplacé, relativise Robert Français. Les communes alentour ou encore l’ONF qui gère les forêts de Saint-Germain et Maison-Laffitte, dans les Yvelines, se plaignent de l’afflux de déchets. »

(1) www.plainedavenir78.org