S’il est un enjeu partagé par tous les acteurs présents l’occasion du séminaire annuel économique organisé par le Cniel et FranceAgriMer ce 13 novembre 2019, c’est bien celui du renouvellement des générations en agriculture. Une ambition commune portée par les producteurs, les coopératives, les distributeurs et les interprofessions.
Une filière en difficulté depuis 10 ans
Le constat est clair, en système laitier, le nombre de cessations d’activité est plus important que le nombre d’installations. En 2018, seulement un tiers des exploitations laitières disponibles ont été reprises, soit environ 200 fermes. Parmi ces installations, un tiers sont dites hors cadre familial, avec une part notable de personnes non issues du monde agricole.
En 10 ans, ce sont 37 % des élevages de bovins laitiers et 19 % des élevages caprins qui ont disparu avec une dynamique différente selon le territoire, le centre de la France et le Sud-Ouest étant les plus touchés. Dans le Sud-Ouest, la moitié des exploitations en système bovins laitiers a disparu en 10 ans. Partout en France, les fermes existantes se sont agrandies, la quantité de litres livrée augmentant de 64,1 % en 10 ans en système bovins laitiers.
Des difficultés pour s’installer et transmettre
Premier fait exposé par le Cniel et transposé à l’agriculture en général, la filière herbivore souffre d’une perte d’attractivité. Éric Fleury, responsable en charge du lait pour JA, explique que le syndicat œuvre quotidiennement à faire découvrir et à valoriser le métier d’agriculteur en intervenant dans les collèges ou dans les lycées. Le faible revenu des producteurs laitiers est aussi un frein important à l’installation. Des productions plus rémunératrices sont préférées à la production laitière chronophage et aux prix de vente trop bas.
Le Cniel pointe aussi le coût des reprises, où la valeur patrimoniale, plus importante, l’emporte souvent sur la valeur économique. L’actif à reprendre moyen est de 1 070 €/1 000 l modulé « en fonction de la taille de l’entreprise agricole, de la valorisation du lait, explique Nathalie Velay, du CER France. La forme sociétaire contribue notamment à diluer les actifs à reprendre. »
Les montants d’investissement pour modernisation et développement sont eux aussi conséquents (103 000 €/1 000 l pendant 3 ans) et largement supérieurs aux investissements d’une entreprise en vitesse de croisière. Pour les besoins en fonds de roulement, « l’exploitation laitière doit disposer de 80 jours de chiffres d’affaires, explique le CER. Aujourd’hui, 40 % des exploitations sont après trois ans encore justes en trésorerie. »
Des solutions financières
Par la suite d’enquêtes, l’Institut de l’Élevage a rédigé des fiches solutions proposant différents leviers pour faciliter la transmission et l’installation sur la production laitière. Parmi elles, limiter le capital à reprendre en favorisant la location, permettre une reprise progressive par le jeune des parts sociales, adapter les outils financiers existants, ou bien encore faciliter le portage de foncier.
« Des innovations sur des outils financiers sont nécessaires devant la volatilité des prix, la diversité des profils et l’intensité capitalistique, explique Emmanuel Béguin, de l’Institut de l’Élevage. Il y a aussi un véritable travail à mener autour de la formation des jeunes éleveurs en gestion. »
Le travail est aussi mené à petite échelle. C’est le cas, par exemple, de la Fromagerie Paul Dischamp (Puy-de-Dôme) qui a vu son nombre de producteurs baisser de 46 % en 8 ans. Grâce à la mise en place en 2017 d’un dispositif spécifique avec garantie de volume et prix de base minimum sur 7 ans, 26 jeunes se sont installés en production laitière alors que la filière n’attirait plus depuis plusieurs années.
Aujourd’hui, le territoire national compte 52 000 exploitations laitières. D’ici à 2035, le Cniel projette qu’elles ne seront plus que 36 000.
C'est très simple: augmentez fortement le prix du lait payé aux agriculteurs et le reste suivra. C'est la seule proposition qui n'est jamais faite, alors que le vrai problème est là.
Le constat :baisse du nombre des exploitations laitières mais augmentation des volumes par exploitation et si l'avenir de la production était les fermes de 1000 vl ou plus ?
Des prix en dessous des coûts de production, en économie de marché ça veut dire "baisser la production".
Et on voudrait quand même éviter la deprise laitière (-30% en 2030)
On ne peut pas avoir le beurre et l argent du beurre !
Surtout dites aux jeunes de ne pas courir après les volumes et de faire déjà ce qu ils peuvent en investissant au minimum.