Les députés attendaient des réponses de Maxence Bigard pour éclairer leur lanterne sur le fonctionnement de la filière de la viande. Ils sont restés sur leur faim. Au point que Roland Lescure, le président de séance, a conclu la rencontre en remerciant l’intervenant mais en reconnaissant qu’il aurait « aimé que les réponses soient plus loquaces ».
Un Bigard peut en cacher un autre
« Ce rapport, j’en prends acte. Je prends acte de vos questions également », répond Maxence Bigard à la première salve de questions. Parmi elles, celle posée par François Ruffin concernait un rapport sur les conditions de travail des salariés dans un abattoir de la Somme. « On est dans “le Parrain” ou on est dans une commission d’audition à l’Assemblée nationale ? », s’exclame le député de la France Insoumise. Autre question restée sans réponse, celle de Richard Ramos, du Modem : « J’ai essayé de voir vos comptes et a priori, ils ne sont pas publiés, lance Richard Ramos, député du Modem, à Maxence Bigard. Est-ce moi qui aie un problème avec l’informatique ou est-ce que vos comptes ne sont pas publiés comme la loi oblige les entreprises à le faire ? » « Nous sommes ici dans la fabrique de la loi, reprend-il face à l’absence de réponse. La loi vous oblige à déposer vos comptes. Vous ne répondez pas à la question. Donc je considère que votre non-réponse est une réponse. Comment voulez-vous qu’on puisse travailler avec vous sur de la transparence si vous-même, devant la représentation nationale, vous ne répondez pas à nos questions ? »
Un Lactalis, même refrain
Interrogé à sa suite, le représentant de Lactalis refuse lui aussi fermement de divulguer les comptes du groupe. « En quoi la connaissance détaillée des comptes consolidés ou des marges du groupe permettrait une discussion plus sereine sur le prix du lait ? » interroge Michel Nalet, le directeur de la communication et des relations extérieures de Lactalis.
« Nous sommes en concurrence assez féroce en Europe », poursuit-il, en rappelant que le groupe exporte 40 % de sa collecte, est « présent dans 47 pays », et « paye ses impôts en France. L’administration fiscale connaît nos comptes […]. Je ne crois pas que la publication des comptes permet au producteur d’avoir un meilleur revenu à la fin du mois, ce qui permet d’avoir un meilleur revenu c’est que les prix augmentent et que le marché soit plus porteur. » Sensibles à la forme plus avenante, après le mutisme de M. Bigard, les députés ont fini par applaudir Michel Nalet, simplement pour ne pas avoir éludé les questions. La loi Sapin 2, votée sous le gouvernement précédent, oblige les groupes agroalimentaires à rendre publics leurs comptes. Avec l’AFP