« Nous constatons une décapitalisation très rapide du troupeau allaitant depuis décembre 2016, qui s’est poursuivie en 2019 », alarme Hélène Fuchey, économiste à l’Institut de l’élevage (Idele) lors de la conférence Grand Angle Viande, organisée par l’institut le 5 décembre 2019. Et pour cause : le cheptel français a perdu 151 000 têtes (–4 %) entre décembre 2016 et 2018.
Cette tendance s’accompagne du recul du nombre d’éleveurs. L’Idele dénombre une perte de 1 500 exploitations par an depuis la fin de 2016. « On observe une accélération des arrêts des ateliers allaitants. Les créations sont globalement stables en nombre de vaches mais insuffisantes pour compenser les arrêts d’ateliers observés sur le territoire », explique l’analyste.
« On ne sait pas où l’on va »
Néanmoins, les évolutions sont très contrastées selon les bassins d’élevage. Alors que la Vendée et les Ardennes subissent une baisse forte, tant en cheptel qu’en ateliers, la Lozère et le Cantal n’accusent que peu de pertes d’exploitations sur leur territoire et même un gain de vaches.
Une chose est sûre, parmi l’ensemble des éleveurs interrogés pour constituer cette étude, c’est la rentabilité qui représente le premier facteur à la création ou à l’arrêt d’activité. Or, « la nouvelle réforme de la Pac suscite des incertitudes sur le terrain. On ne sait pas où l’on va », réagit Emmanuel Bernard, éleveur et président de la Fédération nationale bovine (FNB).
Faciliter la rédaction de contrats
Annick Jentzer, responsable de la section bovine de l’interprofession du bétail et des viandes (Interbev), a rappelé les enjeux auxquels s’est engagée la filière depuis la fin de 2017, faisant suite aux États-généraux de l’alimentation (EGA). Il s’agit notamment de « poursuivre le travail pour permettre aux opérateurs de s’approprier le guide de contractualisation et faciliter la rédaction de contrats ».
La création de grilles et d’outils de mesure et d’évaluation de la tendreté de la viande est sur les rails, tout comme le soutien de l’origine France en restauration hors domicile (RHD). « Ce secteur cherche à renationaliser ses approvisionnements », assure Caroline Monniot, économiste à l’Idele. Selon l’étude « Où va le bœuf ? » réalisée par l’Idele, la viande importée représentait 52 % des approvisionnements de la RHD en 2017.
Accompagner vers le label rouge
L’interprofession n’a pas manqué de rappeler son ambition « extrêmement forte » pour le label rouge. « Le cahier des charges a été rénové pour mieux répondre aux attentes des consommateurs, notamment en matière de bien-être », explique Annick Jentzer.
Cette dernière promet une démarche d’accompagnement des éleveurs et des bouchers. « Nous comptons nous organiser sur les points de vente et mettre à disposition tous les moyens et outils nécessaires pour favoriser l’engagement des acteurs en label rouge ».