Il y a un an, le 8 mars 2022, la MSA (1) du Languedoc ouvrait une ligne téléphonique dans l’Hérault dédiée aux femmes issues du milieu agricole et rural. Un an plus tard, Estelle Rouvière, assistante sociale de formation, et Christophe Boulanger, responsable du département de l'action sanitaire et sociale, tous deux à l’origine du projet, dressent le bilan de l’année passée et la liste de leurs ambitions.

Pourquoi avoir créé une ligne téléphonique ?

Christophe Boulanger : « L’idée est née d’un constat : le milieu agricole n’est pas extrêmement à la pointe sur la question des femmes, même s’il évolue. Certaines se mettent en danger avec de graves problèmes physiques et psychologiques. La MSA devait y jouer un rôle, être attentive à ces questions et proposer des solutions. Et même si la MSA Languedoc travaille sur le sujet depuis quelques années déjà, il fallait aujourd’hui en faire davantage. »

Estelle Rouvière : « On réfléchissait à ce qu’on pouvait faire pour permettre aux femmes de rompre un certain isolement, d’avoir une aide facile et immédiate. Et ce, dans un contexte de crise sanitaire du Covid. Avec le groupe de travail de la MSA Languedoc “Avenir en nous”, créé par Emilie Razier et composé de sept expertes sur les questions des femmes en milieu agricole, on a eu l’idée de créer un lieu d’échange accessible à toutes par le prisme de la mobilité. Car en plus du Covid, c’est parfois compliqué de se déplacer en milieu rural. Ce lieu d’échange devait être virtuel. L’idée du numéro vert s’est donc imposée. »

Qui peut vous appeler ?

Estelle Rouvière : « C’est un outil à destination de toutes celles qui sont affiliées au régime agricole. Qu’elles soient cheffes d’exploitations, salariées agricoles, aides à domicile, retraitées, peu importe leur statut et leur âge. Nous avons démarché plus de six mille femmes, de 16 à 99 ans. En un an, quinze femmes ont appelé. Ça parait peu, mais il s’agit de quinze vies. Pour le moment, je suis seule à répondre et je fais le lien avec les autres services pour résoudre la problématique.

Au départ, les femmes appellent sur des questions d’accès au droit, je les aide dans leurs démarches. Les entretiens durent entre quarante-cinq minutes et une heure. Puis elles se confient, je les questionne sur leur parcours de vie, ça induit un échange. »

Quels sont vos objectifs pour 2023 ?

Christophe Boulanger : « La question des femmes en milieu agricole et rurale va être inscrite dans le plan d’action de sécurité sanitaire et sociale de la MSA Languedoc. Le portage politique sur ce dossier prouve que les mentalités évoluent, que ça bouge. Nous serons un peu pionniers dans ce domaine. On réfléchit aussi à élargir le numéro vert aux deux autres départements du territoire que sont le Gard et la Lozère. »

Estelle Rouvière : « Nous établissons un diagnostic territoire pour mieux définir les profils des femmes du Languedoc et mieux cibler leurs attentes. L’idée est de partir de leurs souhaits pour trouver des solutions. Au cours des appels par exemple, j’ai noté qu’elles sont majoritaires à vouloir se réunir. On travaille donc à l’organisation d’une rencontre entre celles qui ont appelé le numéro vert. À déterminer sous quelle forme, mais on se fixe avril ou mai. On constate également que celles en dessous de 25 ans n’appellent pas, il faut donc imaginer d’autres approches. Ce numéro vert est expérimental, on se laisse le temps de voir s’il est adapté à la MSA Languedoc. C’est un outil qui s’ajoute à ce qui existe déjà. On est mobilisé tout au long de l’année, on développe des partenariats, des rencontres, comme celle de ce 8 mars 2023 où nous organisons des prises de parole d’agricultrices, d’une sociologue et d’autres professionnels. Ce qu’on souhaite surtout, c’est sensibiliser. »

(1) Mutualité sociale agricole.