Ce lundi 13 septembre 2021, c’est jour de découpe pour Baptiste Doré. Comme il le fait trois fois par mois, l’éleveur se rend dans les locaux de C’est Bio l’Anjou, à 25 minutes de son exploitation. Il va y passer la journée, occupé à découper l’un de ses porcs. Située à Rochefort-sur-Loire, l’entreprise a ouvert ses portes en 2018. Dans ce tiers-lieu dédié aux activités culinaires et à l’agriculture biologique, les producteurs ont accès à différents équipements, dont une salle de découpe, une légumerie et deux cuisines.

Prestation à 350 €/mois

Dix éleveurs fréquentent aujourd’hui ce lieu. Baptiste a été l’un des premiers. En 2016, il s’installe à La Pommeraye, dans le Maine-et-Loire, sur 65 hectares, dont 60 de prairies, et élève une quinzaine de vaches allaitantes et leur suite, soit quelque 40 à 50 UGB. Tous les mâles et femelles sont engraissés jusqu’à trois ans et demi avant d’être abattus, transformés et vendus en circuits courts. En complément, l’agriculteur produit des fruits et des plantes aromatiques sous contrat. « J’ai perdu ce contrat en 2018, raconte-t-il. Pour combler le manque à gagner, je me suis orienté vers la production de porcs de Longué, une race locale et c’est alors que j’ai rejoint C’est Bio l’Anjou. »

Désormais, l’éleveur vient à Rochefort-sur-Loire pour découper et transformer un porc tous les quinze jours, et un bovin une fois par mois. Sur cette base, il débourse 350 euros HT par mois, sans engagement dans la durée. « Dans le secteur, on trouve d’autres ateliers de découpe, mais celui-ci est le seul où les éleveurs peuvent découper eux-mêmes leur viande, explique-t-il. Par ailleurs, bien souvent, ces ateliers font peu de charcuteries : du boudin noir et des rillettes, mais généralement pas d’autres produits transformés. »

Le rôle de tremplin

C’est Bio l’Anjou ouvre aux éleveurs la possibilité de s’investir dans sa gouvernance. En pratique, Baptiste Doré participe, une fois par mois, à une réunion qui regroupe l’ensemble des utilisateurs de la structure. « C’est l’occasion de faire le point sur l’activité et les projets en cours », dit-il. Faute de temps, l’éleveur ne s’est toutefois pas investi dans les commissions.

Dans son cas, C’est Bio l’Anjou aura joué le rôle de tremplin. Baptiste s’apprête en effet à investir dans son propre laboratoire. Les travaux devraient être achevés d’ici à la fin de l’année. L’éleveur disposera alors d’un local de 45 m², aménagé dans une ancienne stabulation à taurillons. « J’avais chiffré l’investissement à 35 000 euros HT, mais j’ai trouvé des équipements d’occasion, dont des panneaux sandwichs pour les cloisons. Au final, on sera plutôt autour de 20 000 euros », estime-t-il. Le laboratoire sera notamment équipé d’un cutter, machine utilisée par les bouchers-charcutiers-traiteurs, qui permet de hacher la viande, mais aussi de mixer les légumes, d’un piano de cuisson et du matériel nécessaire aux cuissons longues.

« Toute l’activité sera désormais concentrée sur l’exploitation. Je vais gagner du temps, notamment au niveau des trajets », apprécie l’éleveur qui a développé plusieurs débouchés locaux et vend aussi à la ferme. Anne Mabire