Lors du séminaire du 13 novembre 2018 de la Société française d’économie rurale (Sfer), deux universitaires, Bertrand Valiorgue et Xavier Hollandts ont présenté leurs propositions de réforme de la gouvernance des coopératives. Un thème loin d’être anodin au moment où le gouvernement doit rédiger des ordonnances sur le sujet faisant suite à l’entrée en vigueur de la loi alimentation.

Le jeu d’équilibre entre le projet agricole et le projet économique

« On n’est pas là pour le faire le boulot du gouvernement mais pour ouvrir le débat », a précisé Bertrand Valiorgue, professeur à l’Université de Clermont-Auvergne et titulaire de la chaire Alter-gouvernance. « Les modèles des coopératives sont sous tension permanente. Ce sont des sociétés qui doivent en permanence conjuguer les intérêts de ses adhérents et une rentabilité économique. » Et face à ce tiraillement, c’est souvent « le projet industriel et économique » qui prime. L’universitaire appelle alors aux « acteurs responsables de la gouvernance de ces coopératives à rester vigilants pour maintenir l’équilibre ».

« Un pacte d’orientation coopérateurs »

Pour enrichir le débat en cours, les deux professeurs ont présenté trois propositions. Ils souhaitent voir formaliser dans les assemblées générales des coopératives des « pactes d’orientation coopérateurs ». Ce « document de synthèse » a pour objectif de consacrer la raison d’être de la structure. Quant aux conseils d’administration, des comités spécialisés pourraient être créés pour « professionnaliser et faire monter en compétence les administrateurs ». Une compétence cruciale qu’ils pourraient mettre à profit dans le contrôle des filiales de la coopérative mère. « Un ou plusieurs administrateurs doivent siéger dans ces structures. Leur implication doit être directe », a insisté Bertrand Valiorgue.

Alexis Marcotte